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Pauvre Luxembourg

Pauvreté. Ces derniers jours, ce triste phénomène a souvent été mis en avant sur la scène politique et sociétale du Grand-Duché. À un moment où la croissance du pays atteint à nouveau des sommets et que la plupart des indicateurs économiques (productivité, compétitivité…) sont au vert, il est encore plus effrayant de constater que des enfants et leurs familles vivent tous les jours un calvaire dans notre riche pays.

Vu de l’étranger, les observateurs ont du mal à comprendre comment le Luxembourg peut être confronté dans une telle ampleur à ce phénomène. Vendredi, la Chambre des salariés (CSL) a rappelé que le risque de pauvreté guette non seulement les chômeurs de longue durée (44,8%) mais aussi les salariés (11,9%). Les plus touchés sont par contre les familles monoparentales (40%).

Ces chiffres alarmants ont été confirmés lundi à l’occasion de la journée mondiale de l’Enfance. Si dans le monde 385 millions d’enfants vivent dans l’extrême pauvreté, le Luxembourg n’échappe pas au phénomène. Ce sont en effet 22% des enfants qui «survivent» dans un ménage disposant de moins de 2 800 euros par mois pour survivre. On écrit bien «survivre», car le terme «vivre» n’est pas approprié si l’on sait qu’un tel budget dans un ménage composé de deux adultes et de un ou de plusieurs enfants ne correspond pas à grand-chose.

L’explosion des coûts en matière de logement mais aussi un niveau de vie qui ne cesse d’augmenter font que de nombreuses familles ne réussissent plus à s’accrocher, et ce malgré les importants transferts sociaux de l’État. «Il suffit de se balader dans la rue pour constater cela», avait froidement dit, vendredi, le président de la CSL, Jean-Claude Reding.

Le même jour, le Premier ministre avait souligné en marge du sommet social à Göteborg que l’Europe devait «aussi avoir une dimension sociale». Le grand hic est cependant que l’UE peine à concrétiser ses intentions. En attendant, le gouvernement doit poursuivre la refonte des soutiens financiers accordés aux plus démunis. Une hausse considérable du salaire social minimum devient indispensable, mais ne sera de loin pas suffisante. Il est grand temps d’agir.

David Marques