Les dirigeants de l’Union européenne, Donald Tusk et Jean-Claude Juncker, ont réitéré, mardi, leurs appels du pied aux Britanniques qui doivent sortir de l’UE d’ici fin mars 2019. Le message est on ne peut plus simple : «Ne me quitte pas, il faut oublier, tout peut s’oublier…» Donc, plus de 18 mois après le référendum sur le Brexit, les présidents du Conseil européen et de la Commission en sont toujours à espérer un maintien de Londres dans l’Union.
Dix-huit mois, c’est pourtant une période assez longue pour digérer une rupture. Juncker et Tusk font un peu l’effet d’un amant éconduit par sa dulcinée qui n’accepterait pas la séparation. Il continue à envoyer des SMS passionnés, à venir faire la sérénade sous les fenêtres d’une bien-aimée plus embarrassée qu’émue et qui est déjà passée à autre chose.
Un peu de dignité que diable ! Lorsque l’on se fait «plaquer» après des années de bons et loyaux services, on ne vient pas quémander un peu d’amour comme un mendiant une pièce de monnaie. Si l’on recroise la personne tant aimée, on prétend que tout va bien, que l’on a refait sa vie et seulement après on va pleurer seul dans son coin. Vos amis, désemparés, sont là pour dénigrer celle qui est partie, vous dire qu’elle n’était peut-être pas si exceptionnelle en fin de compte, tant ils en ont marre de vous voir pleurnicher comme une guimauve, fatigués qu’ils sont de vous entendre couvrir de louanges une personne absente et désormais fantasmée.
Donc MM. Tusk et Juncker, le Royaume-Uni, ce n’est pas uniquement une grande puissance financière, politique et militaire, une nation avec un prodigieux sens du commerce. Le Royaume-Uni, c’est aussi l’un des pays les plus inégalitaires d’Europe, qui a imposé son modèle néolibéral à l’UE, freinant toute avancée sociale et qui a donc contribué à faire de Bruxelles ce monstre froid qui suscite la méfiance d’une importante partie de la population du Vieux Continent. Le Royaume-Uni, c’est aussi une multitude de paradis fiscaux et sa capitale, Londres, est la plus grande machine à laver l’argent sale des pires voyous de la planète.
Alors c’est bon ? On peut avancer maintenant ?
Nicolas Klein