Une foule qui envahit des lieux de pouvoir, qui se déchaîne en brisant les vitres et les bureaux des hommes politiques qui ne sont pas de leur côté, des gaz lacrymogènes, des jets de pierres, des slogans complotistes… La ville de Brasilia, au Brésil, a connu dimanche une journée qui en rappelle une autre. Ce déferlement de haine visait le nouveau président de gauche Lula. La foule criant au vol de l’élection était du camp de Bolsonaro, le candidat d’extrême droite malheureux qui n’aura fait qu’un mandat et qui a dû laisser sa place malgré ses protestations. Un air de déjà-vu.
Les scènes de chaos au Brésil ont eu lieu quasiment deux ans jour pour jour après l’assaut du Capitole à Washington. Une autre profanation de l’espace démocratique qui a traumatisé l’Amérique. Il y a deux ans, c’étaient presque les mêmes slogans qui étaient criés par ces protestataires qui ont saccagé le bâtiment situé à quelques encablures de la Maison-Blanche. Vol de l’élection, appel à la non-reconnaissance des résultats de la présidentielle, souhait d’une prise de pouvoir par la violence. Que ce soit aux États-Unis ou au Brésil, les forces de l’ordre ont finalement chassé les insurgés. Et comme à Washington, il va falloir plus qu’un petit coup de balai à Brasilia pour que le traumatisme disparaisse chez les Brésiliens.
Les deux pays n’ont pas la même histoire, mais leur paysage politique a été contaminé par le populisme de deux candidats : Trump et Bolsonaro. Et ces deux hommes qui ont attisé la haine pour toucher du doigt le pouvoir suprême ne maîtrisent dorénavant plus leurs troupes. Ils ont ouvert la boîte de Pandore. Ils se sont tout permis une fois président. Une partie du peuple les imite sans s’inquiéter des conséquences.
Et ne croyons pas que ce type de comportement n’arrivera jamais chez nous. En France, les manifestations de «gilets jaunes» ont permis de voir apparaître de terribles discours remettant en cause la légitimité de ceux qui avaient été élus. Lors des manifestations d’antivax, aux quatre coins de l’Europe, les symboles du pouvoir étaient également visés par les protestataires, rejetant la représentativité des députés, des gouvernements issus d’élections. Nos démocraties semblent parfois assiégées. Résistons.