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Manuel Valls fidèle à lui-même

La révolution patientera. On s’y attendait un peu, il faut bien l’avouer. Et elle ne viendra pas de Manuel Valls. En tout cas, il n’en sera pas à l’initiative, même s’il a failli la subir lorsque quelques manifestants de la Nuit debout ont tenté de s’inviter chez lui, à Paris, ce week-end, pour une happy hour qui n’a pas eu lieu.

L’happy hour, c’était hier soir, entre les Premiers ministres Xavier Bettel et Manuel Valls, qui ont dîné ensemble. L’occasion de parler, en privé, des Panama Papers, de LuxLeaks ou du sort des lanceurs d’alerte inculpés au Luxembourg? Pas sûr. Et on n’en saura sans doute pas beaucoup plus aujourd’hui, puisque Xavier Bettel n’animera pas le point presse qui suit le Conseil de gouvernement.

Non, les secrets d’alcôve resteront des secrets d’alcôve. Manuel Valls n’a pas commenté les inculpations d’Antoine Deltour et d’Édouard Perrin, car la justice luxembourgeoise est «souveraine». Il n’a pas non plus insisté sur les Panama Papers ou l’affaire LuxLeaks, ce n’était sans doute pas l’endroit. Non, le Premier ministre français n’est pas homme à provoquer un incident diplomatique. Alors il plie devant son hôte, comme à Alger où il a donné sa priorité à l’alliance stratégique avec le régime d’Abdelaziz Bouteflika plutôt qu’à protester contre le musèlement de la presse. Il plie devant la finance qui n’est pas l’ennemie de son gouvernement. On le savait.

Il était sans doute plus facile de critiquer Angela Merkel, chez elle, à Munich, sur la politique migratoire de l’Allemagne que de faire une sortie à Luxembourg sur la politique fiscale. Il est toujours plus simple de s’attaquer à ceux qui n’ont rien qu’à ceux qui dictent les règles.

Alors hier, Manuel Valls est resté dans la droite ligne de son action. Il n’a pas donné de leçons, ce n’est pas son genre. Il a rassuré son hôte, sur Cattenom notamment et la politique très claire de la France en matière de nucléaire.

Quant à Antoine Deltour et Édouard Perrin, ils peuvent attendre sereinement leur procès. Sereinement, mais sans le soutien de Manuel Valls ou François Hollande.

Christophe Chohin (cchohin@lequotidien.lu)