« Jean Asselborn est-il allé trop loin ? », s’interrogeait Le Quotidien le 14 septembre dernier après l’appel la veille du ministre des Affaires étrangères à exclure, au moins temporairement, la Hongrie de Viktor Orban de l’Union européenne. Après la réintroduction mardi par le Parlement hongrois de la mise en détention systématique des quelques centaines de demandeurs d’asile présents en Hongrie – un véritable doigt d’honneur au droit européen – il est légitime de se demander si la réponse à cette question ne serait pas négative. En janvier, Orban – qui prône «l’homogénéité ethnique» – déclarait que la réintroduction d’une telle mesure allait «ouvertement contre l’UE».
Après l’élection de Donald Trump, l’Union européenne, si prompte à voir la paille dans l’œil du voisin, s’est présentée en défenseur des droits de l’homme et de la dignité humaine. Mais que pèsent ces beaux discours si l’UE laisse un de ses membres fouler aux pieds ces grands principes ? Dans ce cas, pas besoin de Parlement européen, de Commission et autres institutions dont la plupart des citoyens n’ont d’ailleurs qu’une connaissance très vague. L’UE n’a qu’à se contenter d’être une simple zone de libre-échange, une simple association à l’image de l’Asean en Asie du Sud-Est et chacun pourra alors dans son coin devenir un État autoritaire sans le vernis de l’UE qui vous rend présentable.
Et encore, même dans ces grands ensembles économiques régionaux, un minimum de décence est réclamé. En Amérique du Sud, le Venezuela a ainsi été suspendu du Mercosur pour non-respect de sa «clause démocratique».
Faut-il rappeler à nos dirigeants l’article 1 bis du Traité de l’UE : «L’Union est fondée sur les valeurs de respect de la dignité humaine, de liberté, de démocratie, d’égalité, de l’État de droit, ainsi que de respect des droits de l’homme, y compris des droits des personnes appartenant à des minorités. Ces valeurs sont communes aux États membres dans une société caractérisée par le pluralisme, la non-discrimination, la tolérance, la justice, la solidarité et l’égalité entre les femmes et les hommes.»
Nicolas Klein