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L’UE au bord de la noyade

Près de 1 000 personnes sont mortes ou portées disparues depuis le début de l’année en Méditerranée. Ce drame humanitaire n’émeut plus grand monde. Et pourtant, des milliers de migrants désespérés sont toujours décidés à mettre leur vie en péril pour retrouver une lueur d’espoir sur le Vieux Continent. Mais la forteresse Europe tient, envers et contre tous.

En été, des sauveteurs maritimes de différentes ONG ont été qualifiés de criminels. Leur tort : avoir sauvé des personnes en détresse en pleine mer. Le droit maritime international impose toutefois à tout navire de secourir des naufragés. Le triste bras de fer auquel s’est livré l’ex-ministre italien de l’Intérieur Matteo Salvini avec les tribunaux, les ONG et l’UE restera un épisode noir. Mais le manque de solidarité entre pays européens est tout aussi criant. L’Italie, la Grèce et Malte sont encore trop esseulées pour accueillir les migrants sauvés en mer.

Aucun mécanisme fiable, durable et équitable pour une répartition de ces migrants n’est encore en place. L’engagement pris en septembre par dix États membres pour mettre en place un mécanisme provisoire est un premier pas, mais qui en somme est insuffisant.

En attendant que les 27 s’accordent enfin sur une véritable politique migratoire comprenant des voies légales d’immigration, l’UE continue de tout faire pour ne pas vexer le président turc, qui, sur la base d’un accord financier, retient des millions de migrants syriens sur ses terres. Les centres de détention en Libye, où des migrants «risquent d’être détenus arbitrairement dans des conditions inhumaines», constituent un autre scandale.

La conclusion sur la Libye se trouve dans les «considérants» d’une résolution sur les opérations de recherche et de sauvetage en Méditerranée, rejetée jeudi dernier par le Parlement européen. Sur le fond, les fractions se disent d’accord pour mettre la pression sur les États membres. Or ils n’ont pas été capables de trouver un compromis. Des querelles sur des formulations n’aident en rien à résoudre l’urgence humanitaire. L’Europe est au bord de la noyade…

David Marques

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