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Long règne au tsar

Déjà 18 ans de règne sans partage… Le «tsar Poutine» vient de rempiler pour un 4e mandat, qui devrait le maintenir à la tête de la Russie jusqu’à ses 72 ans, en 2024. Une élection sans suspense, qui confortera ceux qui comparent en effet le maître du Kremlin à ces souverains qui jouissaient jusqu’en 1917 d’un pouvoir absolu sur la Russie.

Depuis qu’il est aux manettes, comme Premier ministre ou président, l’ex-agent du KGB a su asseoir sa mainmise sur la Russie tout en conservant une forte popularité. Chose qui, reconnaissons-le, est rarement l’apanage des dirigeants de nos pays d’Europe de l’Ouest…

Mais à quel prix ? Cette dernière élection avait davantage l’allure d’une farce que d’un scrutin démocratique. Il suffit de se rappeler du débat télévisé entre les candidats à la présidentielle. Scène surréaliste où des opposants se bagarrent en direct, au sens propre du terme, tandis que Poutine boycotte le débat, n’ayant aucun intérêt à jouer le jeu démocratique puisque sa victoire est déjà acquise. Et de fait, il vient de réaliser sa meilleure performance électorale, avec plus des trois quarts des voix des électeurs. Si la démocratie permet de pareils plébiscites, on peut néanmoins s’interroger sur les milliers d’irrégularités constatées par des ONG : bourrage d’urnes, électeurs forcés par leurs employeurs à aller voter…

On peut aussi s’interroger sur la mise sur la touche de son principal opposant, Alexeï Navalny. Le blogueur anticorruption fait face à une série de charges administratives et criminelles, qu’il estime «politiques» et orchestrées par le Kremlin, depuis qu’il est devenu le meneur de l’opposition contre Poutine.

Samedi, des manifestations organisées par Navalny ont d’ailleurs été émaillées d’affrontements, plusieurs ONG condamnant l’usage «disproportionné» de la violence par la police. Et la présence surprise de cosaques, ces unités paramilitaires pro-Poutine, accusés d’avoir frappé à coup de fouet et de poing les manifestants et ce, sans réaction de la police, est plutôt inquiétante. Mais le plus inquiétant, finalement, est peut-être l’indifférence grandissante face à ces méthodes indignes d’un pays qui se dit démocratique.

Romain Van Dyck

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