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Il avait tué son ex-femme à Esch : ses enfants craignent toujours pour leur vie


Le quinquagénaire originaire d'ex-Yougoslavie avait été arrêté le 7 janvier 2015. Mais il dit ne pas se souvenir avoir tué sa femme. (photo archives Jean-Claude Ernst)

Il y a un peu plus de trois ans, Jamek M. avait tué par balles son ex-femme à Esch. Lundi, au premier jour du procès, les enfants ont exprimé leur peur à la barre.

« Pendant 30 ans, notre mère a fait ce qu’il voulait. Elle voulait juste le divorce et continuer à vivre tranquillement avec ses enfants. Et voilà ce qui s’est passé… » Le tableau dressé lundi après-midi par la fille aînée du prévenu est noir. «C’était tout simplement un mauvais père», témoigne la jeune femme de 34 ans. Elle parle d’un père autoritaire qui n’aurait pas hésité à les frapper et maltraiter. Il y a une dizaine d’années, il aurait aussi menacé leur mère avec un couteau. Elle avait fini par demander le divorce.

« Il va nous tuer »

Pas de doute pour la fille aînée : le père a prémédité son acte du 7 janvier 2015. «Il avait un an pour planifier le tout. S’il sort de prison, je peux vous assurer qu’il va nous tuer, mon frère, ma sœur et moi.» «Oui, j’ai peur», confirme le témoin en réponse à une question de la présidente. «J’espère qu’il restera toujours en prison. C’est ce que je souhaite.»

«S’il sort de prison, ne vous étonnez pas s’il tue l’un de nous trois ou même vous», répètera quelques instants plus tard le fils. La fille cadette, quant à elle, ne cache pas avoir eu l’idée de se suicider : «Parce que j’ai peur.»

Au moins six fois, Jamek M. avait tiré avec son pistolet 9 mm sur son ex-épouse qui rentrait en voiture dans une arrière-cour de la rue du Fossé, à Esch-sur-Alzette, en cette fin d’après-midi. «Ma mère a toujours dit : ‘S’il m’arrive un jour quelque chose, ce sera dans le garage.’ Après le divorce, il avait toujours le double de la clé. Il avait dit qu’il l’avait perdu», se souvient la fille cadette.

La quadragénaire est retrouvée morte au volant de sa voiture. À l’arrivée de la police, six douilles jonchent le sol de la cour : cinq douilles et une cartouche se trouvent tout près de la voiture, une autre douille est un peu plus loin dans l’entrée. C’est finalement boulevard J.-F.-Kennedy que le fugitif est stoppé dans sa VW Golf. L’auteur menaçant de se suicider en tenant son arme contre sa tête, les unités spéciales de la police et les négociateurs sont appelés en renfort. Deux heures plus tard, après avoir notamment été raisonné par son beau-frère par téléphone, le quinquagénaire laisse tomber de la voiture son chargeur dans lequel il restait huit cartouches, puis son arme. Depuis ce soir-là, Jamek M., âgé aujourd’hui de 59 ans, dort en prison.

«La pute a gâché ma vie»

Le quinquagénaire originaire d’ex-Yougoslavie comparaît actuellement pour assassinat devant la chambre criminelle. Mais il ne se souvient pas avoir tué sa femme, dit-il. Immédiatement après le drame, il a pourtant parlé avec au moins six personnes. «Je ne sais pas ce qui s’est passé. Je pense que je l’ai tuée… La pute a gâché ma vie. Je vais au minimum avoir 20 ans…» Voilà quelques bribes de phrases relevées par l’enquêteur de la police judiciaire lors de l’audition de ses interlocuteurs.

Le quinquagénaire avait encore été entendu le soir même par la police. Lors de son premier interrogatoire, il avait dit ne pas se souvenir d’avoir tiré sur son ex-femme. Mais devant le juge d’instruction, il avait finalement dit l’avoir tuée avec son arme. Lors de son audition à la police, le quinquagénaire avait, par ailleurs, expliqué se sentir humilié et avait fait quelques allusions au fait que son ex-femme aurait fréquenté plusieurs hommes.

Le procès est loin d’être terminé. Une bonne dizaine de témoins, dont ceux appelés par la défense, doivent encore être entendus. Suite des débats ce mardi après-midi.

Fabienne Armborst

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