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L’impasse totale

L’équation avait, en fin de compte, trop d’inconnues. Vendredi, le gouvernement a remis au placard l’obligation vaccinale contre le covid. Ni la situation sanitaire ni le contexte politique, sociétal et juridique ne justifieraient, aujourd’hui, une telle atteinte aux droits fondamentaux.

À première vue, la position du gouvernement ressemble à une volte-face. En janvier encore, le Premier ministre, Xavier Bettel, avait souligné qu’une obligation vaccinale était incontournable. Il n’était cependant pas seul. Une très large majorité à la Chambre (52 élus sur 60) et bon nombre d’acteurs de la société civile avaient alors plaidé pour cette obligation. Trop importante était la crainte de voir le système de santé débordé par une vague de personnes tombant gravement malades après avoir contracté le coronavirus.

Six mois plus tard, le variant Omicron, moins virulent, a pris le dessus sur le variant Delta, bien plus agressif. La multiplication des infections reste sans impact majeur sur les hospitalisations. On est loin, très loin, de la capacité maximale de quelque 150 patients en soins normaux et de 50 patients en soins intensifs. Le gouvernement a-t-il donc vraiment fait marche arrière en dépit de la recommandation, inchangée, du groupe d’experts d’introduire une obligation de vaccination pour les plus de 50 ans?

La réponse n’est pas si claire. La fenêtre qui était ouverte, à la sortie de l’hiver, pour obliger les plus vulnérables à se faire vacciner s’est déjà refermée. Entretemps, l’obligation vaccinale a montré ses limites dans d’autres pays. Le gouvernement ne cache pas non plus ses doutes quant à l’utilité d’imposer la vaccination pour convaincre les personnes récalcitrantes. Néanmoins, les 30 000 résidents de plus de 50 ans non vaccinés pourraient peser lourdement.

L’accord a minima qui se dégage est de préparer le texte de loi, tout en espérant ne jamais avoir à le voter. Cela est compréhensible. Miser sur l’auto-responsabilité des personnes non vaccinées semble aussi raisonnable. Toutefois, si un nouveau variant plus violent déferle à l’automne sur le pays, la vaccination arrivera trop tard. Il faut, en effet, compter 5 mois pour un schéma vaccinal complet. C’est l’impasse totale.