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Ligne invisible

On aimerait que ce type de réunion permette d’arriver à des prises de décision concrètes avec une mise en œuvre rapide, voire quasi immédiate. Mais c’est toujours bien plus compliqué que ça. Lundi, Thionville a accueilli la septième réunion de la Commission intergouvernementale franco-luxembourgeoise pour le renforcement de la coopération transfrontalière. La secrétaire d’État Laurence Boone et la ministre Corinne Cahen ont évoqué ce qui a été fait et tout ce qu’il reste à faire pour harmoniser les rapports entre les deux pays et permettre à ceux qui les font vivre de s’y épanouir sans contraintes. Le chemin est long, car notre monde change très vite. Mobilité, santé, environnement, télétravail, les thèmes abordés auront un impact sur toute la Grande Région, sur les Français et les Luxembourgeois. Mais il n’est pas facile de construire des lignes de chemin de fer, des autoroutes, de nouvelles voies en un coup de baguette magique.

Ce type de rendez-vous, le septième du nom donc, est plus que nécessaire, il est indispensable. Les choses avancent, notamment au niveau du transport ferroviaire où les initiatives se multiplient pour amener de plus en plus de frontaliers français par le rail sur leur lieu de travail. Il y a tant à faire. Ils sont déjà plus de 120 000 Français à venir au Grand-Duché. Le chiffre sera bien plus élevé dans deux, cinq ou sept ans! Reste à savoir si les rames vont absorber cette boulimie de main-d’œuvre ou s’il va encore falloir innover. La place manque par chez nous et le réseau ferré, tout comme le réseau routier, n’est pas extensible à l’infini. Le télétravail a aussi été évoqué, ainsi que la date pour une solution pérenne pour les frontaliers français : le 1er janvier 2025. C’est loin. Malgré l’Europe, malgré le rapport privilégié qu’entretiennent les deux pays, cette agilité dans la prise de décision semble inatteignable. L’entente est bonne entre nos deux pays, mais il est difficile de faire sauter les verrous nationaux, de mettre en œuvre un véritable codéveloppement. Cette maudite ligne invisible qu’est la frontière est toujours là, sur les cartes et dans les têtes. Malgré nos vies étroitement liées.