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[Europa League] Jeff Strasser : «J’ai toujours Alavés en travers de la gorge»


«Garder son calme. Être positif et confiant.» Ce sont les conseils de Jeff Strasser à Anthony Moris. (Photo : archives Editpress/Gerry Schmit)

Jeudi, Anthony Moris et l’Union jouent pour une place en demi-finale contre Leverkusen? Il y a 22 ans, Jeff Strasser est le dernier Luxembourgeois à être passé par là.

Vous reste-t-il des traces matérielles, 22 ans après, de votre aventure européenne du printemps 2001?

Jeff Strasser : Des maillots et quelques écharpes. Dont certains sont encore chez ma mère, je crois. Pour la campagne européenne, on avait des équipements bleus, d’ailleurs. Mais pour ceux que j’avais collectés, malheureusement, à l’époque, on commençait seulement à mettre les noms dans le dos. Sur la plupart, il n’y a rien d’autre que le logo du club. Entre parenthèses, j’ai même un maillot de l’équipe des Pays-Bas de Dennis Bergkamp, mais rien ne le prouve… Mais ce qui reste, ce sont surtout des expériences humaines, des moments de vie, des moments d’effervescence. Et aussi de pouvoir en reparler.

Justement : on vous en reparle?

On m’en reparle encore, oui. Mais un peu plus maintenant qu’on a un joueur aux portes des demi-finales. Et surtout qui est sur le terrain! Maintenant, il faut se rappeler que c’était une autre formule avec, à l’époque, seulement des matches à élimination directe. Ce n’était pas plus compliqué, mais en soi, c’était pareil : c’est déjà un exploit d’en arriver là. Après… ça aurait été mieux d’aller en finale. J’ai toujours Alavés en travers de la gorge. C’est une occasion qui ne se présente souvent qu’une fois dans une carrière. En plus, la finale se déroulait cette année-là à Dortmund, alors un club allemand sur un terrain allemand…

C’est une occasion qui ne se présente souvent qu’une fois dans une carrière

D’expérience, que faut-il mettre dans le genre de match que s’apprête à vivre Anthony Moris?

Garder son calme. Être positif et confiant. Jouer comme en championnat parce que ça marche. Et ne surtout pas penser qu’il faut tenter de réaliser quelque chose d’extraordinaire. C’est ça la base, se servir de ce qui a fait la force de toute une saison. Et éviter la surmotivation.

Pour un quart de finale, voire une demie, comment se sent-on avant d’entrer sur le terrain?

Je peux vous dire ce qui se passe pendant en tout cas. Et notre quart de finale retour, à Eindhoven, était très chaud! Il avait d’ailleurs dû être interrompu à un quart d’heure de la fin parce qu’à un moment, ça avait chauffé avec le public quand Basler avait marqué sur penalty et qu’il avait allumé les fans en portant la main à son oreille. Une barrière derrière le but avait cédé. Le coach du PSV, Eric Gerets (NDLR : qui entraînerait d’ailleurs Kaiserslautern un an plus tard) était allé les calmer.

Le stade était très chaud, mais là, c’était exagéré. Au coup de sifflet final, je me rappelle qu’on était très vite rentrés aux vestiaires de peur que le terrain soit de nouveau envahi. Et on avait dû attendre deux heures avant de pouvoir quitter le stade.

Après Eindhoven, on était partis directement en but vers Brême. On avait dormi à Bielefeld

Difficile de revenir à l’ordinaire, après de tels moments?

L’ordinaire? Mais je vais vous replonger dans l’ordinaire parce que nous, on s’y était vite replongé : après Eindhoven, on est montés dans un bus en direction de Brême, où on jouait le dimanche. On s’était arrêtés sur la route pour dormir à Bielefeld! Et on avait gagné 1-2! Et quand on s’était qualifiés contre les Rangers en 16es, par exemple, on était retournés directement à l’hôtel. On y était depuis la veille, mais on y est retournés. Jusqu’au samedi. Pour la régénération. Parce que le samedi, on jouait le Bayern Munich après moins de deux jours, puisque ce match de Coupe d’Europe, on l’avait joué en soirée. En face de moi, il y avait Salihamidzic. Et Oliver Kahn dans les buts. Les deux responsables sportifs actuels du Bayern, tiens…

Comment gère-t-on le stress d’une telle rencontre européenne?

Ah le stress, c’est un mot qu’il faut… diversifier (sic). Le stress, on en a beaucoup plus quand on est entraîneur et qu’on doit mettre l’équipe dans les meilleures conditions possibles. Mais pour un joueur, le stress, il est positif! Il faut penser à des choses positives en tout cas. À gagner, à défendre son avantage, à se qualifier. Même si aujourd’hui, avec la fin du but à l’extérieur, l’Union n’en a pas, d’avantage.

Qualitativement, Leverkusen lui est supérieur au niveau individuel. Mais à l’aller, l’Union a prouvé avoir une très grande force collective. Cela peut vraiment aller dans n’importe quel sens. Celui qui marquera en premier prendra vraiment un gros avantage psychologique.

Comment survit-on à une désillusion aussi énorme, si jamais Anthony Moris devait s’y retrouver confronté? Est-ce dur?

Ah! mais je lui souhaite de tout cœur d’aller en demie! Aujourd’hui encore, moi, j’ai un sentiment de fierté et de reconnaissance d’avoir pu participer à une telle aventure. Mais j’ai aussi le sentiment d’être passé à côté de quelque chose. Je l’ai eu dès le coup de sifflet final au match aller à Alavés (NDLR : 5-1), alors qu’on nous siffle trois penalties imaginaires  – celui qu’on nous octroie l’est tout autant – et que Djorkaeff avait été laissé sur le banc parce qu’il revenait de blessure, mais que personne ne le comprenait, avec toute l’expérience qu’il aurait pu nous apporter.

Mais je n’y pensais déjà plus au coup d’envoi au match retour, où on pensait tous qu’on pouvait faire quelque chose… non pas d’impossible, mais d’improbable. Mais quand tu perds 9-2 sur l’ensemble des deux matches, il n’y a pas grand-chose à dire…

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