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Les traditions changent

Ne pas trop annoncer la couleur, mais un peu quand même. Interrogé sur ses intentions de former un futur gouvernement avec les mêmes partenaires, le Premier ministre, Xavier Bettel, reste très prudent. Jamais il ne lâche un oui franc et massif, indiquant plus sagement vouloir participer à un gouvernement qui poursuivra la modernisation du pays entamée sous son règne, des réformes sociales et sociétales aux investissements conséquents que cela sous-tend. Vertement critiqués pour avoir d’emblée écarté le Parti chrétien-social (CSV) des négociations de coalition à la suite des dernières élections, les libéraux, contrairement aux socialistes et aux écologistes, n’osent pas annoncer la couleur. Il faut reconnaître que le CSV, débarrassé du commandant Juncker, n’est plus tout à fait le même. Néanmoins, Xavier Bettel, qui entend dire que le CSV veut détricoter le travail accompli s’il reprend le pouvoir de l’exécutif, dit déjà ce qu’il ne veut pas, à défaut de dire clairement ce qu’il veut et surtout avec qui.

Le CSV rappelait que la tradition politique luxembourgeoise bannissait les alliances préélectorales. Mais comme on parle de modernisation dans chaque chapitre de la vie politique, pourquoi ne pas changer aussi les vieilles traditions. Elles ont déjà été sérieusement ébranlées en 2013 quand trois partis ont envoyé le premier de la classe dans le clan des perdants. Ce qu’une partie des électeurs, tous partis confondus, a condamné.

Depuis, quatre années se sont écoulées et ce gouvernement tricolore va défendre un solide bilan qui aligne des réformes dont tout le pays profite : réforme fiscale, congé parental, réforme des lycées, gratuité et plurilinguisme dans les crèches, etc. Il ne doit pas être si mauvais puisque Claude Wiseler, candidat chrétien-social au poste de Premier ministre, s’est empressé de corriger Xavier Bettel dans une récente interview menée par nos confrères de Paperjam, affirmant que son parti n’avait aucunement l’intention de revenir en arrière. Ce qui a été fait restera. Le CSV, lui aussi, choisit la prudence. Mais il faut reconnaître que si cette attitude tranche avec le discours et le récent exemple du space mining, auquel les chrétien-sociaux ont finalement adhéré, elle ne suffira pas à faire oublier tout le reste, surtout dans le domaine de la petite enfance. Soyons clairs dès le départ, car les traditions changent.

Geneviève Montaigu (gmontaigu@lequotidien.lu)

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