L’empreinte de la crise

La crise énergétique a percuté nos vies et percute aussi nos convictions. Il faut trouver des solutions, et vite, pour éviter de se retrouver dans le noir, dans le froid ou de devoir payer des factures affolantes. Enfin, nous devrions dire des factures encore plus affolantes que maintenant.

Pour répondre à ces défis, on met parfois sous le tapis ce qu’on s’était promis de faire il y a quelques mois seulement. Réouverture des centrales nucléaires en Allemagne, prolongation de la durée de vie de ces mêmes centrales en Belgique (pour les réacteurs Doel 4 et Tihange 3), importation de gaz venant de pays où les droits de l’homme sont parfois oubliés, relance de centrales à charbon comme celle près de Saint-Avold en Lorraine et extension des mines à ciel ouvert, comme c’est le cas actuellement en Allemagne.

Des affrontements violents ont éclaté ce week-end entre militants et policiers du côté de Lützerath, non loin de Düsseldorf. Les manifestants refusent de voir un hameau détruit par l’avancée des machines qui dévorent le lignite pour alimenter les fours des centrales électriques toutes proches.

Il y a en effet de quoi être enragé quand on voit que le monde s’élève contre le réchauffement climatique, gouvernements compris, mais que personne ne voit rien à redire concernant l’extension de cette mine à ciel ouvert sortie tout droit d’un autre âge. Les paroles, c’est bien, mais les actes, c’est mieux. Pourtant, a-t-on le choix ? Nos sociétés sont toxicomanes. Complètement dépendantes d’une énergie peu chère. Attention à la crise de manque quand le dealer augmente d’un coup les prix ! Tous les moyens sont alors bons pour avoir sa dose. Même les pires.

Nous avons à peine commencé notre voyage vers une économie et une société vertueuses. Et nous n’avons toujours pas appréhendé le coût et les sacrifices que cela impose. Ce n’est pas seulement en triant ses déchets que le monde va aller mieux. Ce n’est pas simplement en éteignant la lumière d’une pièce vide que nous éviterons de tomber dans le précipice.

Il va falloir faire plus et ça va être dur. Aujourd’hui, les gouvernements sont piégés entre ce qu’il faudrait faire et ce que la population est prête à encaisser sans protester. Comme une balade sur un fil… gare à la chute.