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Le week-end des miss

Le nom de Miss Luxembourg est connu depuis novembre dernier, celui de Miss Portugal Luxembourg depuis septembre, mais c’est ce week-end que se tenaient trois grands concours de miss. Tout à côté de chez nous, Miss France a couronné Iris Mittenaere ; le même soir, à Sanya, en Chine, l’Espagnole Mireia Lalaguna remportait la prestigieuse couronne de Miss Monde; sans oublier que dimanche soir, à Las Vegas, 81 candidates des cinq continents – mais pas du Grand-Duché – se disputaient le très convoité titre de Miss Univers. Des concours de beauté qui ne cessent de passionner certains et de s’attirer les foudres des autres.

Les uns y voient le glamour, l’exaltation de la beauté féminine, etc. Les autres, un terrible aveu du machisme ordinaire de notre humanité qui n’hésite pas à faire défiler ces jeunes filles tels des bestiaux pour le bon plaisir de quelques phallocrates. Alors oui, certes, personne n’oblige ces centaines – milliers! – de jeunes filles à s’inscrire à ces concours de beauté ni à défiler en maillot de bain échancré ou encore en mère Noël sexy. Mais tout de même, quelle image donne-t-on vraiment de la femme?

Mais au-delà de ces concours médiatisés à outrance, c’est la nomination ce week-end – première fois depuis 1972 – d’une Miss Irak qui donne un peu d’intérêt à cette avalanche, un peu indigeste, de nouvelles reines de beauté. Miss Irak s’appelle Shaymaa Qassim Abdelrahman. Elle a 20 ans, les yeux verts et est originaire de la ville multiethnique de Kirkouk. Qu’elle ait été choisie parmi seulement huit candidates importe peu. L’important, c’est le symbole.

Non seulement car la jeune fille compte profiter de sa célébrité pour «promouvoir l’éducation, surtout parmi les populations déplacées» – ce qui donne, rien que pour ça, un vrai sens à ce concours – mais surtout, l’organisation d’un tel évènement à Bagdad sonne comme une défaite pour l’État islamique et sa vision de la société. Et là, on se rend compte que ce qui peut être vu comme rétrograde et machiste chez nous peut être perçu comme une avancée féministe ailleurs.

Pablo Chimienti