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Le vent se lève

Une colère sourde qui s’exprime désormais au grand jour. En Europe, les agriculteurs sont sortis de leur ferme pour manifester leur désarroi. Allemagne, Pays-Bas, Roumanie, France… La liste des pays européens touchés par cette contestation paysanne semble s’allonger au fil des semaines. Avec des points communs : une demande de respect et un simple souhait, celui de pouvoir vivre de son travail décemment sans harcèlement venant des autorités de tutelle ou des grands acheteurs jouant avec les prix.

Covid, guerre en Ukraine, crise de l’inflation, pouvoir d’achat des consommateurs en berne, prix de l’énergie… Une partie du monde agricole européen a été secouée, comme le reste de la société, par bien des calamités. Problème : ce monde rural, déjà fragile, a dû se battre pour résister. Souvent avec l’aide de l’État. Pour surmonter ces crises, les dérogations et les subventions ont logiquement aidé ce secteur déjà bien mal en point dans certains pays d’Europe. Mais elles ne pouvaient pas durer éternellement. Et le gouffre est subitement réapparu devant les yeux des agriculteurs. Ajoutez à cela les péripéties réglementaires européennes, la masse de papiers administratifs à remplir pour rester dans les clous d’une réglementation qui se densifie pour cause de verdissement de l’économie, de protection des consommateurs, de lutte contre les épizooties et vous aurez des agriculteurs les nerfs à vif. Et par-dessus le marché, ils doivent en plus suer sang et eau pour obtenir à la fin du mois des revenus bien faibles par rapport aux efforts titanesques consentis. C’en est trop pour beaucoup. Du respect, du pragmatisme et surtout un appel pour pouvoir juste travailler sans tracas et être rémunérés à la hauteur de leurs efforts, voilà ce que demandent beaucoup de ces agriculteurs dans les cortèges ou installés sur des barrages routiers.

Mais les gouvernements concernés et l’Europe ne sont pas les seuls qui pourront faire bouger les lignes et améliorer le sort des agriculteurs européens. C’est aussi au consommateur, qui a en grande partie le levier économique dans la main pour faire bouger les choses, d’agir pour le bien de cette profession. Sans lui, les agriculteurs européens n’y arriveront pas.

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