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Le vent a tourné

La tripartite a pleinement accompli son rôle d’instrument de crise.» Nora Back avait le sourire, mardi soir, au moment de l’annonce de l’accord de principe conclu entre le gouvernement, le camp syndical et le camp patronal. Fin mars, la présidente de l’OGBL avait claqué la porte de la tripartite. La manipulation de l’index était jugée trop profonde pour accepter le compromis validé par le LCGB et la CGFP, les deux autres syndicats assis à la table des négociations. 

Les cartes ont été redistribuées ces six derniers mois. L’hyperinflation nécessite aujourd’hui une tout autre panoplie de mesures d’aides. Un report, assez naïf, de tranches indiciaires supplémentaires à avril 2024 s’est avéré être absurde. En effet, le pire scénario prévoit désormais la succession, en dix mois à peine, de cinq index. Toutes les parties – y compris les syndicats – étaient d’accord sur le besoin de briser cette spirale infernale.

La réponse trouvée est une intervention étatique sur le marché de l’énergie. Combiné à d’autres mesures, comme la réduction de la TVA, le plafonnement des prix de l’électricité, du gaz et du mazout doit permettre de ramener l’inflation de 6,6 % à 2,6 %. Rien que ça. On se rappelle que les calculs du Statec, soumis à la tripartite en mars, ont rapidement été dépassés par la réalité. Qu’en sera-t-il cette fois, sachant que la guerre en Ukraine risque de s’accentuer encore davantage après l’appel, lancé hier par le président russe, à la mobilisation de 300 000 soldats supplémentaires? Le spectre d’une pénurie de gaz reste, lui aussi, présent. Il faut d’ailleurs se poser la question de savoir si le plafonnement généralisé des prix pour l’énergie fossile motivera réellement les ménages à réduire leur consommation.

On peut donc comprendre l’hésitation du patronat à accepter le paquet «anti-inflation». Avec la limitation de l’index à une seule tranche, à la fois en 2022, 2023 et 2024, l’union des entreprises luxembourgeoises (UEL) était sortie gagnante de la tripartite de mars. Cette fois, les syndicats ont obtenu gain de cause sur l’index et le pouvoir d’achat. Tout dérapage supplémentaire de l’inflation rendra toutefois caduques les mesures à peine décidées. Il vaut mieux ne pas trop vite couper les lumières et le chauffage au château de Senningen…

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