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Le top 5 des métiers condamnés

Vous êtes manutentionnaire, secrétaire de bureautique et de direction, employé de comptabilité, employé de banque et d’assurance ou caissier ?

Alors, si l’on en croit une énième étude sur le sujet (de l’Institut Sapiens), vous êtes des dinosaures en voie de disparition. Ces métiers font partie du top 5 des jobs appelés à être digitalisés. Bon, on a encore quelques doutes sur les remplaçants, quand on voit les bugs des caisses automatiques ou la maladresse des prototypes de robots manutentionnaires. Et puis c’est quand même plus drôle d’engueuler un vrai banquier plutôt qu’une voix digitale qui répète «je n’ai pas compris la question»… Mais rien d’insurmontable, nous rassure le progrès.

La problématique du «grand remplacement technologique» n’est pas nouvelle. Dans son essai paru en 1930, Perspectives économiques pour nos petits-enfants, l’économiste John Maynard Keynes définissait déjà un «un nouveau mal : le chômage technologique. Il désigne le chômage causé par la découverte de procédés nouveaux qui économisent la main-d’œuvre alors que la découverte de nouveaux débouchés pour celle-ci s’avère un peu plus lente».

La règle n’a pas changé. Aujourd’hui, s’il se présente une alternative technologique crédible à un job, le robot prendra le dessus sur l’homme grâce à ses gains de productivité. Pour le travailleur, l’enjeu est donc d’anticiper cette vague digitale, pour ne pas être submergé.

Mais cela peut être aussi un mal pour un bien, poursuivait Keynes, qui prévoyait que la technologie aurait détruit les emplois aliénants et pénibles d’ici la fin du XXe siècle.

On est tenté de lui donner raison : on voit de moins en moins des ouvriers serrer des boulons, façon Chaplin. Mais l’aliénation a pris une autre forme. Elle se produit dans des open spaces où des employés interchangeables accumulent les tâches abstraites. La dureté physique laisse place à l’épuisement mental, le sentiment d’avoir un «bullshit job» vide de sens qui n’apporte rien à la société. La digitalisation, à mesure qu’elle augmente la productivité, rend la valeur travail plus abstraite. Faire plus, oui, mais pour quoi faire ?

Romain Van Dyck

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