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Le prix de la flexibilité

Passer d’un paternalisme mis en place au temps de l’âge d’or de la sidérurgie à une liberté totale à l’âge d’or des nouvelles technologies résulte d’un fameux grand écart qui peut faire peur en y réfléchissant.

Évidemment, l’essor du coworking présente beaucoup d’avantages, tant pour les salariés que pour les entreprises. Sur le papier, le concept est super. Le salarié dispose d’une flexibilité à toute épreuve, d’un environnement de travail design, de nouvelles personnes à croiser tous les jours à la machine à café et d’une liberté de mouvement totale. Pour les entreprises, grandes et petites, là aussi les avantages sont indéniables, outre le prix du loyer : fini de s’assurer du bon fonctionnement de la photocopieuse, des factures d’électricité et de chauffage ou encore d’investir dans une salle de réunion vide la moitié du temps. En quelques clics sur un smartphone, on peut réserver une salle de réunion ou des espaces de travail un peu plus grands, et ce, pour un moment précis. Flexibilité, maîtrise des coûts et réseautage. Que demander de plus ?

Le coworking est le symbole des nouvelles générations. Celles qui ne veulent plus être associées à une entreprise traditionnelle avec un bureau et le portrait du petit dernier dans un cadre. La photo se retrouve en fond d’écran de l’ordinateur portable et l’espace de travail ressemble davantage à un Starbucks.

Cette nouvelle façon de travailler, sans vouloir la critiquer, pose tout de même certaines interrogations. N’y a-t-il pas un risque d’isolation des salariés qui, au final, travaillent un peu partout sans pour autant avoir ce repère fort et stable qu’est le bâtiment d’une entreprise ? Est-ce que ce nomadisme n’incite pas à une hyperconnectivité du salarié qui, dès lors, peut avoir un peu plus de mal à différencier travail et vie privée ? Si le concept est séduisant, il serait peut-être intéressant de s’interroger sur le prix de cette liberté et sur le rôle de l’entreprise à qui l’on loue un tiers de notre journée.

Jeremy Zabatta