En somme, la décision est concevable. L’ampleur de la flambée des prix mérite de réunir les partenaires sociaux. L’organisation d’une tripartite est même une obligation. Et pourtant, le sentiment demeure qu’il aura fallu attendre le déclenchement de la guerre en Ukraine pour que le gouvernement se décide à agir.
Le 9 février encore, la ministre des Finances, Yuriko Backes, s’était contentée de dresser devant la Chambre la longue liste des mesures déjà prises pour renforcer le pouvoir d’achat : hausses successives du salaire social minimum, du Revis et de l’allocation de vie chère, gratuité des transports publics, des livres scolaires et des crèches ainsi que réindexation des allocations familiales. Lors de ce même débat, seul le LSAP avait insisté, dans le camp de la majorité, pour accorder à tous les ménages un chèque énergie d’au moins 100 euros.
La motion finalement votée, demandant une aide sociale ciblée, est non seulement restée très vague, mais a aussi été dépassée par l’invasion russe en Ukraine du 24 février. Le 28 février, le gouvernement a annoncé des premières mesures plus concrètes. Il a néanmoins fallu attendre hier pour la mise en ligne du formulaire de demande de la prime énergie et le dépôt du projet de loi visant à réduire la facture pour l’utilisation du réseau de gaz (environ 500 euros par ménage). Des actes pour calmer les ardeurs avant la tripartite de ce mardi où le gouvernement sera attendu au tournant?
Une pression complètement justifiée – et pour une fois peu polémique – est aussi exercée par le camp de l’opposition, emmené par le CSV. Gel des prix de l’énergie, reversement aux ménages des recettes fiscales générées par la hausse des prix des carburants, augmentation et élargissement de l’allocation de vie chère ou hausse du forfait kilométrique se trouvent notamment sur la table. Le patronat réclame une manipulation de l’indexation tout en plaidant pour des aides ciblées.
L’équation à résoudre sera compliquée. Il est à espérer que le gouvernement aura bien préparé ce jour de vérité, qu’il accepte d’être à l’écoute des partenaires sociaux et soit ouvert à de véritables négociations, qui, en dépit de l’urgence qui existe, pourraient aussi s’étaler sur plusieurs rendez-vous à trois.