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Le gros souci des petits écrans

Demandez à un parent du XXIe siècle la recette magique pour calmer un enfant. Un enfant qui vous vrille les tympans depuis des heures, retourne votre salon ou vous ennuie parce qu’il s’ennuie. Le parent moderne laissera la bande dessinée dans la bibliothèque et le ballon de foot dans le jardin. Non, il sortira plutôt l’écran miracle appelé télévision, ordinateur ou smartphone. Que celui qui n’a jamais cédé lance la première tablette !

On comprend les parents, souvent désemparés ou résignés, qui ne savent plus comment détourner leurs enfants de ces lucarnes hypnotisantes. Mais des professionnels tirent la sonnette d’alarme. Ces «tétines numériques» sont dangereuses. Depuis la tablette pour bébé jusqu’à la télé allumée en permanence, la surexposition laisse des traces. Récemment, des médecins s’alarmaient dans une tribune publiée dans Le Monde de cette exposition massive et précoce. L’augmentation du temps passé devant les écrans accroît les risques de retard de langage, de difficultés scolaires, voire de troubles autistiques, sachant que l’ensemble des connexions des neurones se fait entre 0 et 3 ans. Résultat, ces enfants biberonnés aux écrans qui ne communiquent pas avec les autres, n’écoutent pas les consignes, sont terriblement agités ou au contraire apathiques.

Ceux que cela fait sourire devraient demander à des enseignants ce qu’ils pensent du phénomène des «mains papillons». Leurs jeunes élèves peinent à fermer leurs doigts ou à se servir d’un crayon. Leurs mains sont comme des petits papillons faibles, car ils ont appris à ouvrir la main et à frôler l’écran des tablettes, mais beaucoup moins à fermer leurs doigts sur un objet.

L’exposition aux écrans devrait être évitée avant l’âge de 2 ans, mais certains experts plaident même pour une abstinence jusqu’à 6 ans ! Le plus ironique, c’est que du côté de la Silicon Valley, des cadres sup des Google, Facebook et autres YouTube, inquiets, paient désormais des milliers de dollars chaque année pour mettre leurs enfants à l’abri dans des écoles dépourvues d’écrans ! Drôle d’époque, décidément, où il faut payer pour retourner à l’âge du papier…

Romain Van Dyck

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