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Le fracas des mots

Ils veulent comprendre, ils veulent savoir, ils se méfient, ils agitent des études, citent des spécialistes pour prouver leurs dires et sont furieux de ne pas être entendus, écoutés et considérés. Pire, parfois ils sont même méprisés et socialement exclus. Nous avons tous autour de nous des proches, des connaissances qui, lorsque l’on évoque la vaccination contre le covid, montent sur leurs grands chevaux. Ils seront à chaque fois catégoriques : ils refusent d’accepter que c’est la seule solution actuellement disponible pour donner un coup fatal au coronavirus et éviter un énième confinement. Tous ne sombrent pas heureusement dans le complotisme, expliquant que les grands groupes pharmaceutiques tiennent le monde sous leur coupe, que le monde médical est corrompu ou complice du «système» (on ne sait pas lequel d’ailleurs). Mais ils sont là parmi nous.

Que faire? Les contredire? Oui. Mais pour condamner leurs propos, nous devons aussi les laisser parler. C’est aussi là le dilemme. Nous avons eu à la Chambre des députés ce type de discussions lors d’un débat lié à une pétition contre la vaccination la semaine dernière. D’autres voix s’élèvent et veulent se faire entendre pour asséner leur vérité. Faut-il refuser la confrontation? Faut-il les museler? Non, il faut les affronter et surtout ne pas verser dans la haine ou la colère comme une minorité de ces antivaccins ou antirestrictions qui usent et abusent des menaces. Des menaces qui sont dites de vive voix ou encore écrites sur les réseaux sociaux. Ceux qui utilisent cette violence s’éliminent d’ailleurs eux-mêmes de tout débat public. De tout respect.

Nous pensons très majoritairement que le vaccin est la solution qui nous permettra à terme, sans danger pour nous, de nous sortir de la menace du coronavirus. Les voix discordantes nous rappellent que nous sommes simplement dans une démocratie. Que ce sont aussi les «nôtres» qui tiennent ces propos. Cette déchirure que pose la question de la vaccination (obligatoire ou non) risque malgré tout de nous poursuivre. Quand la pandémie sera loin derrière nous, que restera-t-il de tout ce fracas de mots? Il va falloir réapprendre à vivre ensemble et encore soigner notre société.

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