Accueil | Editoriaux | Le ciel syrien brûle

Le ciel syrien brûle

Depuis deux jours, la Russie bombarde la Syrie. Qui, précisément, c’est ce que tentent de déterminer les Américains. Eux et leurs alliés bombardent les positions de Daech, ils le certifient. On aurait tendance à le croire. La France, elle, bombarde aussi, indépendamment des deux autres belligérants, des positions en Syrie. De Daech aussi. François Hollande a été très clair.

Pour résumer, Daech est la cible de trois armées, même si les Russes pourraient utiliser leurs Soukhoï contre les rebelles de l’armée syrienne libre, ceux-là mêmes qui luttent contre le régime de Bachar al-Assad et contre Daech. Car les Russes concentrent leurs efforts sur la ville de Homs, qui n’est pas à proprement parler une place forte de Daech. Ils affirment le contraire. On aurait tendance à en douter.

C’est compliqué, très compliqué, trop compliqué. Alors les Américains ont convoqué une réunion en urgence pour éviter tout incident dans le ciel syrien. Il ne faudrait pas que les F16 de l’Oncle Sam confondent les Soukhoï de Vladimir Poutine avec les vieux Mig de Bachar al-Assad. Voire les Mirage tricolores. En profiteront-ils pour signifier leur désapprobation à l’égard de ces raids clairement destinés à soutenir le régime de Bachar, dont le profil ressemble de plus en plus à celui d’un malade en soins palliatifs ? On peut en douter.

Aujourd’hui, le ciel syrien ressemble au reste du territoire du royaume alaouite : c’est l’anarchie. Une zone de non-droit qui ne profite qu’aux puissants, à savoir Bachar al-Assad, heureux d’être le seul épargné par les bombardements, et Daech, qui a depuis longtemps appris à vivre sous le feu venu des cieux.

Pour le reste, l’engagement des Russes renvoie une terrible image aux populations victimes de Daech et de Bachar. Elles comprennent qu’elles ne pourront pas compter sur une coalition pour les libérer. Au contraire, certaines sont maintenant prises entre les feux de six armées. Car au milieu des bombardements, les civils meurent dans l’indifférence.

Christophe Chohin (cchohin@lequotidien.lu)