Trois conférences de presse en plein milieu des vacances scolaires de Pâques. C’est ce que l’on appelle occuper le terrain. Le CSV a donc attendu ce premier répit printanier pour sortir l’artillerie lourde contre le gouvernement.
Écarté du pouvoir depuis 2013, le camp chrétien-social a encaissé un second coup dur avec l’échec aux législatives du mois d’octobre. Mais avec à sa tête le duo offensif Martine Hansen (groupe parlementaire) et Frank Engel (présidence du parti), le CSV se dit plus que jamais décidé à rebondir. Vu le ton employé la semaine dernière, il reste toutefois à évaluer le «travail d’opposition constructif» annoncé par le parti conservateur.
Par rapport à Claude Wiseler, le leader malheureux de l’opposition entre 2013 et 2018, le style ne pourrait en effet pas être plus différent. L’attaque frontale menée vendredi par Frank Engel contre François Bausch en est la parfaite illustration. Une possible ingérence du ministre écolo dans le travail de la justice a amené le président du CSV à faire le raisonnement suivant: «Si quelque chose dans une institution étatique ou dans un autre pouvoir les dérange, ils leur tapent dessus. Ou, du moins, ils le tentent. C’est remarquable. Cela ne se serait jamais fait dans un « État CSV »», a martelé vendredi Frank Engel. Vraiment?
En tout cas, les responsables du Parti chrétien-social n’ont pas hésité à rappeler le cas de leur ancien ministre Luc Frieden. En 2013, il s’était vu accusé d’avoir fait pression sur la juge d’instruction afin de freiner l’enquête dans l’affaire du Bommeleeër. Ne s’agit-il pas d’un cas où un ministre aurait tenté de «taper» sur la justice? L’argument de Frank Engel ne tient pas, d’autant plus que la lettre envoyée par François Bausch au procureur général d’État pèse bien moins lourd que la tentative d’intimidation de Luc Frieden.
Ce genre d’agissement, on peut l’attribuer à l’arrogance du pouvoir, décelée par le CSV dans le gouvernement. Il oublie toutefois que cette même arrogance ainsi que le manque de transparence, également reproché à la majorité, ont mené en 2013 à la chute du gouvernement Juncker.
David Marques