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«On ne veut plus de chiens maltraités dans le Dog Show»


«Notre fédération a modifié son règlement sur les expositions canines. Désormais, si l'on constate qu'un exposant – voire un visiteur – laisse son chien dans la voiture, il sera d'office écarté de l'exposition en cours et des autres expositions à venir; de plus, la police sera immédiatement avertie.» (photo editpress/Isabella Finzi)

Le président de la Fédération cynologique luxembourgeoise (FCL), Raymond Jung, revient sur les incidents survenus lors des dernières expositions canines et sur l’interdiction, désormais levée, d’organiser le Dog Show qui a frappé la fédération.

L’International Dog Show se tiendra les 11 et 12 mai pour son grand retour à Luxexpo The Box. Il s’agira de la 97e édition.

Avant d’aborder le sujet sensible de la maltraitance des chiens, peut-on rappeler quels sont les objectifs d’une exposition canine telle que l’International Dog Show, que vous organisez?

Raymond Jung : Le but principal d’une exposition canine est d’évaluer les résultats de la reproduction même et des géniteurs de la race, par rapport aux standards de celle-ci. Le deuxième objectif d’une telle exposition est d’offrir un moyen d’échange d’expériences pour en apprendre davantage sur les différentes races et de se mettre en concurrence avec d’autres chiens. Je tiens enfin à préciser que le Dog Show n’est pas un événement commercial : nous ne vendons pas de chiens, cela est interdit! Il est également interdit qu’un exposant amène une femelle avec sa nichée. Cela reste un concours de beauté, mais aussi un concours de sélection des meilleurs sujets, comparable à la foire agricole d’Ettelbruck. (…)

Venons-en au cœur du sujet : votre fédération s’est vu interdire, par le ministère de l’Agriculture, toute nouvelle exposition à la suite de l’édition d’avril 2018 (…) en raison des « problèmes relatifs au bien-être animal détectés lors des dernières éditions (du Dog Show) ». Les autorités ont stipulé qu' »il sera demandé à l’organisateur de présenter un concept réunissant toutes les conditions de santé et de bien-être animal afin que la prochaine édition du Dog Show 2019 puisse se dérouler dans les meilleures conditions possibles ». Quelles mesures avez-vous prises?

Notre fédération a modifié son règlement sur les expositions canines. Désormais, si l’on constate qu’un exposant – voire un visiteur – laisse son chien dans la voiture, il sera d’office écarté de l’exposition en cours et des autres expositions à venir; de plus, la police sera immédiatement avertie.
Par ailleurs, on ne peut pas mettre Luxexpo The Box en cause si quelqu’un laisse ses chiens dans un véhicule un ou deux jours avant le début de la manifestation, car ses parkings sont publics. De plus, et même les services du ministère de l’Agriculture l’ont répété au cours de réunions, il n’y avait jamais eu d’incident à l’intérieur des halls. Ceci dit, nous ne pouvons pas mettre un contrôleur à côté de chaque exposant. Par contre, on peut essayer de cerner certaines personnes qui agissent mal et les écarter de nos expositions.
Pour ce faire, nous avons mis en place beaucoup de choses : des rondes avec nos agents, des rondes avec des agents de sécurité, sans oublier que l’on continuera à distribuer des flyers, à afficher, tout autour du parking, des messages préventifs… Tout cela est aussi indiqué sur notre site internet.
Nous faisons signer aux exposants et aux éleveurs, lors de l’inscription de leurs chiens, qu’ils ont bien pris connaissance des règles fixées et qu’ils les respectent aussi bien que les textes légaux sur le bien-être animal et le transport des animaux actuellement en vigueur sur le territoire du Grand-Duché. En amont de l’exposition, nous envoyons également des confirmations aux exposants qui reprennent bien ces obligations.
De manière générale, nous avons œuvré de façon à responsabiliser les exposants et propriétaires de chiens, tout en les prévenant qu’ils s’exposaient aussi bien au règlement sur les expositions canines de la FCL qu’aux textes légaux du code pénal luxembourgeois. Le règlement stipule désormais explicitement que ce ne sont pas seulement les exposants qui doivent bien tenir leurs chiens, mais aussi les éleveurs, en sachant que la plus grande partie des exposants sont des éleveurs. Il enjoint aussi aux juges de respecter certaines règles. Enfin, il interdit d’exposer des chiens amputés. On ne veut pas d’expositions canines où les gens maltraitent leurs chiens! On ne veut plus de chiens maltraités dans le Dog Show.

Que s’était-il concrètement passé lors des dernières éditions du Dog Show?

Lors de l’édition du printemps 2017, au matin du lundi suivant l’exposition, la police a contrôlé sur le parking d’un hôtel à Dommeldange une camionnette dans laquelle des chiens étaient « logés ». Cette personne, en réalité, a participé à notre exposition, et au moment où sa camionnette était sur le parking de Luxexpo, un vétérinaire l’a contrôlée et il s’est avéré qu’elle était en règle, sinon nous lui aurions demandé de quitter les lieux. La personne avait d’ailleurs une autorisation de transporter des chiens. Or je ne sais pas si l’on peut se permettre de mettre l’exposition canine en relation avec un fait pareil. Ce fut le point de départ qui a abouti à l’interdiction.

Quels ont été les autres cas de maltraitance qui ont abouti à cette interdiction par le ministère?

Au cours de l’édition de septembre 2017, nous avons eu le cas d’une personne qui s’est présentée à l’exposition avec une camionnette en mauvais état et dans laquelle se trouvaient sept chiens, dont deux dogues des Canaries inscrits à l’exposition. Cette personne, de nationalité française, était interdite de détenir des chiens en France, mais avait déménagé en Belgique afin d’échapper à tout contrôle. Cinq des sept chiens sont restés enfermés dans cette camionnette en plein soleil, sans ventilation et sans eau à leur disposition. Ceux-ci n’étaient ni inscrits ni présentés à l’exposition. (…)

Après cet épisode malheureux, un autre incident a précédé l’interdiction d’exposition.

Un nouveau cas de maltraitance a été constaté lors de l’édition d’avril 2018, ce qui semble avoir été la goutte qui a fait déborder le vase pour le ministère, qui a alors prononcé l’interdiction d’organiser le Dog Show. Il s’agissait d’une éleveuse espagnole qui avait laissé un ou plusieurs chiens dans sa voiture, garée sur le parking extérieur. Nous avions engagé des agents de sécurité qui faisaient des rondes sur les parkings, mais qui n’étaient sans doute pas assez nombreux. Il y avait également des agents des douanes qui ont effectué des contrôles sur leur propre initiative : nous avons beaucoup apprécié leur présence. (…)

Entretien avec Claude Damiani

Retrouvez l’intégralité de l’interview de Raymond Jung dans notre édition papier de lundi.

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