L’argumentation a de quoi plaire. Mettons fin à la sanglante guerre en Ukraine en misant sur la diplomatie. Pour inciter Vladimir Poutine à prendre place à la table des négociations, levons les sanctions infligées à la Russie. Et amenons Volodymyr Zelensky à accepter de céder à son voisin oriental, le Donbass, après déjà avoir rendu la Crimée au Kremlin. Et finissons, ainsi, par profiter à nouveau du gaz à bas prix arrivant par des pipelines russes tournant à plein régime.
D’un seul coup, la crise énergétique qui guette l’Europe ne serait plus qu’un mauvais souvenir. Plus besoin de craindre de devoir greloter en hiver, faute de gaz ou de mazout payable ou livrable en quantité suffisante. Terminus pour le litre d’essence ou de diesel coûtant 2 euros. Fini de payer au prix fort ses emplettes au supermarché. Nous revoilà dans la «normalité» de l’avant-guerre. Tentant, non?
La triste réalité est pourtant que plus rien ne sera comme avant. L’agression de l’Ukraine, orchestrée et commanditée par le seul Vladimir Poutine, a replongé l’Europe au Moyen Âge. Ou du moins aux temps de la Première et de la Seconde Guerre mondiales. Le monde où l’on redessine les frontières par la force semblait avoir vécu. Mais on s’est tous trompés. Les pays du «monde libre» ont visiblement sous-estimé la détermination du nouveau tsar russe à faire ressusciter l’Empire soviétique.
Le camp de l’extrême droite européenne se range, plus ou moins ouvertement, du côté du régime russe. Ce sont les suspects usuels qui propagent haut et fort l’argumentation simpliste, et donc populiste, développée plus haut. La faute de l’inflation galopante, de la pénurie de gaz ou des famines en Afrique serait à imputer à l’Union européenne et à ses alliés. La politique de sanctions menée contre la Russie nuirait uniquement aux citoyens italiens, français, allemands ou luxembourgeois. Le drame humanitaire qui se joue en Ukraine? Également la faute à l’Occident qui continue à livrer des armes à l’Ukraine.
Pour les Salvini, Le Pen ou Kartheiser, le confort personnel semble primer sur la souffrance d’un peuple qui croule depuis plus de six mois sous les bombes. Mais il vaut mieux se retrouver au chaud, sans coûts excessifs. L’argent rend visiblement aveugle.