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L’argent de poche a un genre

Le sujet de l’inégalité salariale est rabâché chaque année : oui, les femmes gagnent moins que les hommes. Et alors?, serait-on tenté de penser. Le phénomène n’est pas nouveau et malgré sa médiatisation, l’inégalité salariale persiste année après année. Mais après tout, ces femmes sont des adultes qui n’ont qu’à mieux se vendre sur le marché du travail et opter pour des carrières plus rémunératrices. Évidemment, ce n’est pas si simple, mais l’étude d’une banque anglaise (Halifax) a découvert que le phénomène n’apparaît pas au moment de la vie adulte. Ainsi, c’est dès l’enfance, au moment de l’argent de poche, que les petites filles sont déjà lésées. Les petites Anglaises obtiennent en moyenne 13 % de moins que les petits Anglais pour leur argent de poche de la semaine.

Comme la banque n’a pas commandé une étude sociologique sur le comportement des parents, on n’en apprendra pas beaucoup plus, à part que les petites filles, non contentes de recevoir moins que les garçons, ne se plaignent pas de leur sort. Au contraire de ces derniers qui ont tendance à réclamer une augmentation de leur pécule! C’est donc là que le comportement adulte s’explique. Dès l’enfance, les garçons n’ont aucune gêne à réclamer plus, car cela leur paraît naturel. Les filles, elles, ont appris qu’elles devaient se contenter de ce qu’elles ont. Un peu comme ce qu’il se passe par la suite, donc. Les hommes ont plus tendance à demander une augmentation et postuler à des emplois haut placés, plus rémunérateurs.

Cette petite étude ne prouve pas tout, bien entendu, mais elle donne en tout cas le début d’une explication. S’occuper des inégalités salariales à l’âge adulte, c’est arriver déjà trop tard. Comme toujours, c’est l’éducation qui prime et qui façonne les comportements futurs. Les parents doivent prendre conscience du traitement inégal de leurs enfants en fonction de leur sexe. Il faudra du temps pour que les petites filles n’aient plus peur de réclamer elles aussi leur dû, et de ne plus se contenter de ce qu’on leur donne. Autant dire qu’il y a du boulot!

Audrey Somnard