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L’ancien régime

Lorsqu’il sort de ses gonds, le ministre du Travail, Nicolas Schmit, ne fait pas dans la dentelle, il dit ce qu’il pense. Ainsi jugeait-il vendredi dernier dans Le Quotidien que Mariette Scholtus est «incapable» de faire le job à la tête de l’Adem. Mais rien n’y fait, en raison d’un vice de procédure, elle a retrouvé sa fonction de directrice dont elle avait été limogée par Nicolas Schmit en 2012.
Cet épisode semble donner des ailes à Daniel Miltgen, autre haut fonctionnaire évincé il y a quelques semaines. Délogé de la présidence du Fonds du logement qu’il occupait depuis 25 ans, il exige lui aussi sa réhabilitation à l’issue d’un pugilat dans lequel il a rendu coup pour coup à sa ministre de tutelle, Maggy Nagel. Poussant le bouchon, il est désormais candidat au poste de directeur du Fonds Belval qui se libèrera en juillet. Ce que d’aucuns interprètent comme un défi lancé au gouvernement.
Mais les motifs «d’incompétence» et de «rupture de confiance» avancés pour écarter ces deux caciques de l’administration camouflent aussi un mobile politique. Tout le monde sait bien ce que cache la feuille de vigne : la proximité de Scholtus et Miltgen avec le CSV. Et donc leur pouvoir de nuisance potentiel à l’égard de l’action gouvernementale.
Un ténor de l’actuelle coalition nous le confiait dès le lendemain de la chute de Juncker en 2013 : «Si nous arrivons au pouvoir, il faudra faire le ménage, trop de hauts fonctionnaires roulent pour le CSV.» Promesse rapidement tenue, les premiers coups de balai ayant visé les placards dissimulant d’indolents commis de l’État.
La nouvelle coalition veut faire table rase du passé en écartant les fonctionnaires réputés inféodés au Parti chrétien-social, à ses yeux l’un des symboles de l’État-CSV tant vilipendé. Mais l’ancien régime s’accroche et exerce son pouvoir de nuisance, tant dans l’arène politique que dans les coulisses de l’administration. Reste que les fonctionnaires sont tenus d’œuvrer exclusivement dans l’intérêt du pays et non dans le leur ou dans celui d’un parti. Un principe intangible transgressé par le passé et que les nouveaux maîtres du pays feraient bien de garder à l’esprit.

Fabien Grasser (fgrasser@lequotidien.lu)

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