La sortie de trop

Marine Le Pen cherche désespérément à se faire une place sur la scène internationale. Pourtant, après le désastre de son voyage au Québec il y a quelques semaines – où les politiciens locaux l’ont clairement boycottée  –  la présidente du Front national a confirmé aux médias britanniques qu’elle envisageait d’aller soutenir les défenseurs d’une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne en vue du référendum du 23 juin.

Cette sortie est probablement le moyen pour la cheffe des frontistes de tâter la température avant d’aller s’aventurer en terres britanniques.

Celle qui s’était permis de donner des leçons aux Québécois pourrait recommencer la même erreur de l’autre côté de la Manche. Bon, ceci dit, au vu de l’humour de nos voisins anglais, ça pourrait être carrément comique, car Marine Le Pen incarnerait alors cette arrogance toute française du donneur de leçons sur un sujet qui finalement ne la concerne pas. Cela servirait la cause des partisans du oui qui veulent rester dans l’UE. Il est donc peu probable que les défenseurs du non accueillent cette nouvelle avec enthousiasme.

Après la déconfiture de David Cameron au sujet des Panama Papers et avec des travaillistes plus que frileux, tous les yeux sont tournés vers la Grande-Bretagne qui pourrait en cas de sortie signer la mort de l’UE telle que nous la connaissons ou donner des idées à des pays qui ont des populations de plus en plus eurosceptiques.

Car le retour du printemps va entraîner l’augmentation de l’afflux de migrants à travers la Méditerranée et les naufrages qui vont avec et dont nous sommes désormais tristement habitués. La frontière macédonienne est hautement gardée et les policiers n’y vont pas de main morte, à coups de bombe lacrymogène ou de matraques, pour tenir les candidats à l’exil à distance. L’idéal européen est en effet loin si l’on en est réduit à défendre l’Union comme une belle cage dorée qui pourrit de l’intérieur. Les Britanniques auraient tort de quitter l’UE, pour eux et pour leur économie, mais le spectacle qui est donné actuellement ne pousse malheureusement pas à y rester.

Audrey Somnard