La légalisation partielle du cannabis récréatif n’amène pas seulement son lot de questions pratiques et juridiques. Le travail d’information et de sensibilisation semble plus important encore, surtout auprès des plus jeunes. Car, il est un fait : déjà parmi les 15 à 18 ans, le joint circule fortement. Le rapport sur la consommation de drogues illicites au Luxembourg, publié hier, indique ainsi que 15,2 % d’entre eux ont consommé du cannabis courant 2019. La consommation mensuelle pointe à 7,3 %. Il faut dès lors s’assurer que la légalisation, désormais actée, ne se traduise pas par une banalisation et une promotion du cannabis, en priorité auprès des mineurs. La seule limitation d’âge pour la culture et la consommation, réservées aux plus de 18 ans, ne sera pas suffisante pour éviter que la proportion de mineurs fumant de l’herbe continue à augmenter.
Les ministres de la Justice et de l’Éducation nationale se disent pleinement conscients de cet enjeu. Ce dernier était d’ailleurs présent lors de la conférence de presse afin de présenter le concept expérimental pour la légalisation intégrale du cannabis. «Avec la légalisation du cannabis, les citoyens deviennent davantage responsables de leur propre santé. Il est donc essentiel, parallèlement à la légalisation, de renforcer la sensibilisation et l’information du public sur les risques et les effets de sa consommation, et cela, dans les écoles aussi», avait souligné Claude Meisch fin avril. Si des programmes spécifiques existent depuis plusieurs années, ce volet n’a été que peu thématisé lors des douze mois ayant précédé le vote de la loi autorisant la culture du cannabis à domicile.
Une certaine urgence existe pourtant. Le rapport Relis révèle que le premier joint est, en moyenne, fumé à l’âge de 19 ans. La même moyenne d’âge est avancée pour l’héroïne, contre 23 ans en 2014. Le LSD suit à 21 ans, l’ecstasy à 22 ans. En d’autres termes, après le cannabis, la consommation de drogues plus dures risque d’arriver rapidement. Non, il ne faut pas généraliser. L’adolescent qui fume de temps à autre un joint (2,4 en moyenne par mois) ne finit pas forcément toxicomane. Mais, sachant que la pousse de l’herbe est forte, le travail de prévention, doit, lui aussi, être renforcé.