On l’a connu pour sa gouaille, sa volonté de ne jamais rien lâcher et pour son franc-parler face au gouvernement et aux patrons. On l’a aussi connu pour ses coups de gueule légendaires lors des multiples congrès au cours desquels il avait l’habitude aisée d’haranguer les membres, militants et autres sympathisants de l’OGBL, au nom de davantage de justice sociale et dans le but de défendre les intérêts des salariés.
Sans jamais baisser la garde, « Mister President », comme se plaisent à le surnommer certains membres du Bureau exécutif de l’organisation syndicale, le natif d’Esch-sur-Alzette, était avant tout un roc, dont la voix portait, et qui était donc entendue. Tout le monde se rappellera par exemple de l’allocution du Premier ministre, Xavier Bettel, à l’occasion de la célébration, par l’OGBL, du 100e anniversaire des syndicats libres au Luxembourg. En effet, au cours de la séance académique, qui s’était tenue en octobre 2016 sur le campus de Belval, le chef du gouvernement avait déclaré : «(…) Ce fut un chemin long et compliqué. Nous avons aujourd’hui un contact permanent avec les syndicats et même si au cours de ces dernières années, depuis que je suis Premier ministre, je n’ai pas toujours eu les mêmes opinions qu’André (Roeltgen), je tiens à le remercier pour nos négociations qui se sont avérées constructives.» Le doux euphémisme employé au sujet de sa relation avec le Premier ministre n’aura échappé à personne…
La page Roeltgen se tourne, donc, après cinq ans à la tête de l’OGBL, depuis qu’il a succédé à Jean-Claude Reding en décembre 2014. Si son empreinte, sa marque de fabrique et ses succès, resteront à jamais gravés dans le marbre – et dans l’histoire syndicale du Grand-Duché, place désormais au renouveau et un autre fait qui s’annonce d’ores et déjà historique, avec l’arrivée, le 6 décembre, de la première dame à la tête du syndicat majoritaire du Luxembourg, Nora Back (il en aura d’ailleurs fallu du temps, en termes d’égalité des sexes…). Et la relève semble déjà assurée, tant cette dernière a pu observer de longues années comment les rouages de la machine OGBL fonctionnaient, tout en apprenant aux côtés de ses mentors.
La page Roeltgen se tourne, le chapitre Back s’ouvre.
Claude Damiani