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La ligne rouge de Kersch

En poste depuis décembre dernier, le ministre du Travail, Dan Kersch, cultive peu à peu le terrain sur lequel auront lieu les prochains bras de fer avec les camps patronal et syndical.

Sans surprise, l’éminent représentant de l’aile gauche du LSAP est plus proche des positions d’un OGBL que de celles de l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL). Hier, à l’occasion de l’assemblée plénière constituante de la Chambre des salariés (CSL), on a ainsi pu constater que Dan Kersch et la nouvelle présidente Nora Back étaient sur une même ligne concernant les défis du marché de travail de demain. En résumé: la révolution numérique ne doit en aucun cas se traduire par un affaiblissement des droits des salariés.

En bon diplomate, le ministre a précisé qu’il faudra aussi prendre en considération les intérêts du camp patronal. «Sans négliger toutefois les droits sociaux», n’a cependant pas tardé à ajouter Dan Kersch. Si le LSAP avait dressé des lignes rouges lors de la campagne électorale de 2018, on est confronté ici à un nouvel avertissement lancé par les socialistes.

Fièrement, le ministre du Travail a aussi rappelé hier la récente hausse du congé légal minimum, l’introduction du jour férié du 9 mai et la hausse de 100 euros du salaire social minimum. Les trois mesures ont provoqué l’ire des associations patronales, qui redoutent une nouvelle perte de compétitivité. Le gouvernement, y compris le ministre socialiste de l’Économie, semble toutefois privilégier les moyens à même de permettre aux salariés de mieux concilier vie professionnelle et vie privée. Et puis, le DP du Premier ministre, Xavier Bettel, n’oublierait certainement pas de rappeler la baisse progressive de l’imposition sur les sociétés.

Ce dernier élément fait toutefois partie des points qui pourraient encore créer d’importants remous entre les syndicats et la coalition au pouvoir. Les inégalités sociales grandissantes et le logement sont d’autres dossiers minés. La ligne rouge dressée par le ministre du Travail ne sera donc, de très loin, pas suffisante pour entretenir un dialogue social constructif. Le retour du très redouté automne chaud n’est pas à exclure.

David Marques