Ils se sont retrouvés en première ligne dès le début de cette pandémie de coronavirus. La première décision majeure du gouvernement pour endiguer la propagation du Covid-19, à la mi-mars 2020, a été de fermer les écoles. Les enfants et adolescents ont été les premiers à voir du jour au lendemain leurs routines et leurs rituels bousculés. «Il ne s’agit pas en priorité de protéger les élèves ou les enseignants, mais bien d’éviter la propagation du virus et de protéger ainsi les personnes fragiles», expliquait le ministre de l’Éducation nationale, Claude Meisch, le 13 mars 2020. Les plus jeunes se sont donc vu attribuer la lourde tâche mentale de ne pas transmettre le virus à leurs grands-parents.
Ce message a lourdement pesé sur le bien-être des enfants et adolescents. Selon le rapport annuel du Kanner-Jugendtelefon (KJT) dévoilé lundi, la peur de voir un proche mourir a vite gagné du terrain. Les jeunes ont aussi eu l’inquiétude de tomber eux-mêmes gravement malades. Le confinement et l’enseignement à distance ont généré de la solitude, avec à la clé des dépressions, voire des tendances suicidaires. Les tensions au sein de la famille et les violences sont d’autres répercussions de la pandémie sur la jeune génération.
Aujourd’hui, les limites sont atteintes. Le fait que les écoles sont, à deux exceptions près, restées ouvertes depuis la rentrée de septembre ne peut pas venir compenser le manque d’épanouissement des enfants et des adolescents. Le sentiment de sécurité et de certitude, essentiel au développement des plus jeunes enfants, a fait place à l’anxiété et au stress. Les adolescents ont été privés de leur recherche d’autonomie et de nouvelles expériences loin du foyer parental. Ils affirment «avoir perdu une année de leur vie».
Le devoir moral de la génération adulte est de tout entreprendre pour rendre à la jeune génération cette année perdue. Cela commence par un encadrement rapproché pour réparer ce qui peut l’être sur les plans éducatif, mental et social. Il faudra être à leur écoute et prendre leurs problèmes (emploi, logement, climat) au sérieux. La jeunesse a suffisamment trinqué.
David Marques