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La force de l’indifférence

Les questions de religion, de culture, de mode de vie auront été au centre du débat en Europe en 2015, de la Hongrie de Viktor Orban à la France de Marine Le Pen. Ces interrogations autour de ce qui forge l’identité nationale auront été également très prégnantes au Luxembourg au moment du référendum du 7 juin sur l’ouverture du droit de vote aux étrangers.

À longueur d’éditos et de billets d’humeur, de nombreux journalistes européens nous parlent des valeurs qui fondent nos démocraties occidentales, de la laïcité et de la liberté à défendre. Mais ils en oublient l’une des plus grandes forces de nos sociétés ouvertes : l’indifférence.

Nous connaissons tous, autour de nous, des personnes qui mènent une vie que nous trouvons totalement absurde, qui sont attachées à des passions et des traditions que nous estimons stupides. Chacun d’entre nous suit un mode de vie qu’un autre trouvera aberrant. Mais tant que ces individus, que nous méprisons intérieurement, ne représentent pas un danger pour autrui, nous nous contentons d’une dédaigneuse indifférence. Nous sommes bien loin ici de la tolérance que l’on nous vante à tout bout de champ et qui voudrait que l’on embrasse avec bienveillance tout ce qui est différent de nous. Il s’agit d’une chimère. Inconsciemment ou non, nous passons notre temps à juger les autres.

L’indifférence est une condition indispensable à la liberté. Prenons un exemple concret : l’homosexualité. Encore aujourd’hui, de nombreuses personnes en Europe occidentale sont outrées par cette pratique qu’elles estiment contre nature. Mais pourtant, elles ne vont pas (ne vont plus) se lancer dans des expéditions punitives contre des bars gays, elles passent tout simplement leur chemin. Pas plus tard que lundi, au Sénégal, onze personnes soupçonnées d’homosexualité (une pratique illégale là-bas) ont failli se faire lyncher par une foule en colère. Du haut de notre sage indifférence nous pourrions leur dire : «Vous ne les aimez pas, vous les méprisez, mais au fond, nom de Dieu, qu’est-ce que ça peut vous faire !»

Et ce n’est ici qu’un petit exemple des vertus de l’indifférence.

Nicolas Klein (nklein@lequotidien.lu)

Un commentaire

  1. l'habit ne fait pas le moine

    Cette notion d’indifférence, comme vous le soulignez est effectivement une liberté de penser, de se positionner. Or, le terme a encore une connotation péjorative, car l’homme n’est pas qu’un corps physique, c’est aussi et même déjà in utéro, un être sensoriel, c’est pourquoi je n’adhère pas à cette notion d’indifférence. En effet, c’est cacher ou annihiler notre ressenti, notre authenticité. C’est se dénaturer. D’ailleurs, l’homme ne peut que communiquer (Watzlav..). Alors pourquoi devenir in-différent, alors que c’est dans l’autre que nous existons? R.Cruzoe n’a-t-il pas recherché Vendredi? Il existe des exemples encore plus précis et explicites… L’homosexualité est un sujet qui ne peut appeler à l’indifférence, mais à la compréhension de la liberté et la diversité de l’être sensoriel que chacun de nous porte en soi. Etre indifférent, c’est abandonner la liberté de rechercher un compromis dans une relation, dans une communication…Or l’homme est aussi un être intellectuel et il a seulement développé 20% de son potentiel…J’aime à espérer qu’il donnera une nouvelle couleur à la signification de l’indifférence (rose fushia par exemple;) Bonnes fêtes à tous les indifférents de notre planète.

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