La fuite des documents du traité transatlantique, hier, après celles du cabinet Mossack Fonseca dans l’affaire Panama Papers et de PwC Luxembourg dans l’affaire LuxLeaks, est une nouvelle preuve, si nécessaire, que le secret n’existe plus. Les lanceurs d’alerte sont omniprésents, citoyens qui portent un regard critique sur le monde et n’hésitent pas à sonner l’alarme.
Même les gouvernements ne parviennent plus à retenir des textes, telle cette cornélienne négociation qui doit ouvrir l’Atlantique comme Moïse a fendu la mer Rouge. Avec la fin du secret vient le doute, porté par les Julian Assange et autres Edward Snowden, qui ont révélé les excès des démocraties. L’absence de transparence transforme les citoyens en paranoïaques. Et les récentes révélations n’ont pas été du genre à les rassurer.
C’est tout le paradoxe, à l’heure de l’open data, de la démocratie participative, que de vouloir retenir l’information. Cette attitude laisse la place à des théories du complot à la mesure du secret. Si le mensonge d’État existe, souvent pour protéger des intérêts particuliers, le secret est sans doute encore plus destructeur. Multinationales, États, associations s’y risquent et ne le tiennent qu’un temps. Car avec le secret naît la suspicion. Sa nécessité, dans de rares cas, ne saurait être généralisée.
Avec le TTIP, le ver était dans le fruit. Un accord de libre-échange ne saurait rester dans l’ombre, quand il concerne la qualité de vie de millions de personnes. La divulgation de quelques pages a levé le voile sur des craintes justifiées.
Le secret, cette spécialité suisse, ou luxembourgeoise, a atteint ses limites. Aujourd’hui reprend le procès des lanceurs d’alerte et du journaliste de l’affaire LuxLeaks. Le gouvernement a programmé, en même temps, de nombreux évènements, comme le rapport national sur la toxicomanie, le plan de valorisation des friches industrielles de Schifflange ou encore la présentation des nouvelles règles des marchés publics.
Un écran de fumée insuffisant pour couvrir de secret un procès retentissant.
Christophe Chohin (Cchohin@lequotidien.lu)