Union : régime contractuel ou état dans lequel se trouvent des personnes (physiques ou morales) liées par un accord ou des intérêts communs. Désunion : désaccord entre personnes qui devraient être unies.
Alors après le sommet européen du week-end dernier sur le «Brexit» et avec la crise des réfugiés, sommes-nous des citoyens de l’Union européenne (UE) ou de la Désunion européenne (DE)?
En tout cas, une chose est sûre, nos dirigeants sont des adeptes de la prophétie autoréalisatrice. Ils ne cessent de clamer que l’Europe est en danger et mettent dans le même temps tout en œuvre pour qu’elle le soit. L’accord avec le Royaume-Uni en est un exemple flagrant.
Dès le lendemain du sommet, le Front national réclamait les mêmes dérogations que le Royaume-Uni pour la France. Quoi que l’on pense du parti de Marine Le Pen, force est de constater que sa démarche est on ne peut plus légitime. En effet, pourquoi les Britanniques obtiendraient des avantages et pas les Autrichiens, les Tchèques ou les Espagnols? Pourquoi Xavier Bettel ne réclamerait pas de pouvoir limiter certaines aides sociales pour les nouveaux migrants issus de l’UE, par exemple les Portugais, comme l’a obtenu Londres avec les Polonais et les Roumains?
Certains politiciens prônent une Europe à plusieurs vitesses, avec un noyau dur de pays qui continueraient de poursuivre l’objectif d’une «union sans cesse plus étroite» entre les peuples – objectif dont le Royaume-Uni sera exempté dans les prochains traités – autour duquel graviteraient des pays selon leurs intérêts du moment. Si cette Europe à plusieurs vitesses n’est pas encore en marche, l’Europe avec différentes classes de pays est déjà une réalité.
Tout en haut de la hiérarchie se trouvent les Britanniques. Ils ont même pu faire externaliser par Paris leurs contrôles aux frontières, puisque la France empêche – d’une manière totalement incompréhensible – les réfugiés de la jungle de Calais de traverser la Manche.
Tout en bas? La Grèce, bien sûr. Pas de dérogations pour elle. Et en plus, avec la fermeture des frontières sur la route des Balkans, elle va se retrouver avec des centaines de milliers de réfugiés supplémentaires bloqués sur son sol.
Nicolas Klein