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La classe à Dallas

L’histoire contée ici est entièrement basée sur des faits réels. Toute ressemblance avec des protagonistes existants n’est absolument pas fortuite. Parce que coupables d’une escroquerie sans nom, leurs identités ne seront pas révélées. L’affaire, des plus sensibles, requiert une totale discrétion.

Car voici comment l’on devient accidentellement trumpiste. Ou comment d’aucuns vous obligent à le devenir, plutôt. Il y a quelque temps, un collègue séjournait à New York. Un autre n’a pas manqué de lui passer commande. Si possible un souvenir marquant, a-t-il réclamé, qui symbolise toute la grandeur de l’Amérique. Quoi de plus approprié qu’un tee-shirt floqué du patronyme de l’ancien président ! D’un beau rouge flamboyant, qui se voit de loin, en taille L. Bon camarade, le dévoué compagnon du Quotidien s’est exécuté et a poussé les portes du Trump Store.

Ainsi, il a rapporté la douteuse étoffe. Sans vraiment ouvrir l’œil toutefois, ni en jeter un sur l’étiquette. C’était bien du L… pour enfant. Du 12 ans, précisément. Le destinataire n’étant pas adepte du crop top, devinez qui a hérité du «cadeau» ? Les guillemets s’imposent. Coût du traquenard : la bagatelle de 24 dollars. Soit quelque 22 euros, à rembourser à l’intermédiaire qui compte bien rentrer dans ses frais. Merci, les gars. Franchement, il ne fallait pas. Pas gêné pour un sou, ce cher Donald, au passage. Business is business. Reconnaissons tout de même une qualité au tissu : c’est du made in USA. Le roi des fake news n’avait pas menti, pour une fois. «America first», ce n’était donc pas qu’un slogan vendeur à des pauvres avides de protectionnisme.

Élevée durant les années Tchernobyl, il se trouve que ma croissance s’est justement arrêtée à l’adolescence. Le singulier vêtement me va à ravir… Quant à savoir à quelle drôle d’occasion le porter, vaste question. Même pas un gosse d’extrême droite, dans mon entourage de dangereux gauchistes, à qui l’offrir. Au pire, il servira pour le ménage. Vingt-quatre dollars le bout de chiffon, rappelons-le. Sinon, je pourrai toujours me teindre les cheveux en jaune, me rôtir la pomme sous les UV, obtenir le droit de dégainer une arme et passer mes prochaines vacances à Dallas. Au moins là-bas, j’aurai la classe.

Alexandra Parachini

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