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Joyeuses bûches de Noël

Il y a de quoi tousser. La France, si fière de son imposant parc nucléaire, en est réduite à faire feu de tout bois pour passer l’hiver.

Au sens propre : sans les cheminées, inserts et autres poêles à bois, la situation risque d’être glaciale, car ses centrales envoient d’inquiétants signaux de fumée.

En effet, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) s’alarme : «La sécurité d’approvisionnement électrique de l’hiver 2016/2017 s’annonce plus délicate à assurer que lors des hivers précédents.» Délicate n’est pas vraiment le mot qui décrit le mieux la situation française. Car en plus de nous tracasser sur le fait qu’il y aura ou non de l’électricité au pied du sapin, on est en droit de se demander si ces centrales ne vont pas nous faire un cadeau de Noël empoisonné.

Car actuellement, une vingtaine des 58 réacteurs du parc nucléaire français sont indisponibles. Près d’un tiers ! En plus des maintenances ordinaires, une douzaine sont mis au chômage technique par la même ASN, qui a lancé une vaste campagne d’inspection. Le fond de certains générateurs de vapeurs présente, en effet, des concentrations excessives de carbone susceptibles d’en fragiliser l’acier. Cette «anomalie très sérieuse», initialement découverte sur la cuve de l’EPR de Flamanville, a conduit l’ASN à demander en urgence des contrôles sur les cuves provenant du même constructeur. Or, si tout se passe bien, l’ASN vient d’estimer à un mois le temps nécessaire pour autoriser le redémarrage des centrales, qui ne pourront donc être opérationnelles avant janvier.

Bref, en plus d’apporter un nouveau motif d’inquiétude quant à la sûreté de ses centrales, il n’est pas exclu qu’EDF échoue à faire face aux pics hivernaux de demande d’électricité. Et il faut craindre, cette année encore, que l’alternative viendra d’en bas, grâce aux huit millions de ménages qui disposent de (polluants, mais non radioactifs) moyens de chauffage au bois, sans qui ces pénuries seraient encore plus critiques.

Au passage, si jamais la France vient à manquer de bois, il existe un petit voisin, ancien département des Forêts, qui en regorge à ne plus savoir qu’en faire, même s’il a plus l’habitude d’importer que d’exporter son énergie…

Romain Van Dyck

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