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Inutile de fanfaronner

C’est une évidence, le Luxembourg n’est pas un paradis fiscal. S’il doit son actuelle prospérité à quelque chose, ce n’est pas à sa puissante place financière.

D’ailleurs, l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) a sorti hier le Grand-Duché de la liste noire des paradis fiscaux, grâce à un engagement pour la transparence que le gouvernement n’a de cesse de répéter. Mardi, à Londres, devant la London School of Economics, le Premier ministre, Xavier Bettel, a réitéré son interprétation de l’affaire LuxLeaks. «Une trentaine de pays étaient impliqués dans le dossier», a-t-il lancé aux étudiants.

Sauf que les preuves accumulées portaient avant tout sur le Luxembourg et que, depuis cette date, le pays n’a pas cherché à faire amende honorable. Si, au présent, il affirme jouer la carte de la transparence, il n’assume pas son passé.

De l’ancien Premier ministre Jean-Claude Juncker à l’actuel ministre des finances, Pierre Gramegna, en passant par Xavier Bettel, ce déni en devient gênant. Les membres de la commission spéciale TAXE en charge d’enquêter sur l’affaire LuxLeaks au sein du Parlement européen sont obligés de venir réclamer des documents devant la presse pour tenter de les obtenir. Quand Jean-Claude Juncker et Pierre Gramegna se présentent devant les eurodéputés, ils ne répondent pas aux questions, mais se moquent ouvertement de cette commission, composée de représentants du peuple européen.

Car si le Luxembourg se satisfait de recevoir une nouvelle note de conformité de la part de l’OCDE, il oublie que son image est profondément marquée par l’affaire LuxLeaks. Le déni se paie chaque jour davantage, et ce n’est pas une nouvelle évaluation de l’OCDE ou l’accord du Luxembourg pour adopter les nouvelles règles de lutte contre les paradis fiscaux qui changeront quelque chose. La tâche est quasiment indélébile.

D’autant que les observateurs s’accordent sur le fait que la lutte contre la fraude fiscale profite avant tout aux spécialistes. Ces cabinets qui facturent des heures de services pour contourner les textes contraignants. Alors, inutile de fanfaronner.

Christophe Chohin (cchohin@lequotidien.lu)

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