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Intrépides Wallons

En Gaule, un petit village d’intrépides Gaulois résiste à l’envahisseur romain. Pardon, en Europe, une région peuplée d’intrépides Wallons résiste à l’accord de libre-échange entre l’UE et le Canada (CETA) en mettant son veto à la signature du CETA par la Belgique.

Si cette décision ne devrait pas remettre en cause à terme l’entrée en vigueur de l’accord, elle est tout de même un signal positif envoyé à une société civile majoritairement hostile au CETA. Mais surtout, elle permet, pour un temps, de couper l’herbe sous le pied à l’un des arguments phares de l’extrême droite. En effet, les accords de libre-échange actuellement négociés par l’UE avec le Canada (CETA) et les États-Unis (TTIP) offrent du grain à moudre à la droite populiste, qui n’a de cesse de brocarder la dissolution du pouvoir de décision des États dans la mondialisation. Et accorder à des multinationales le droit de contester la législation d’un État sous prétexte qu’elle va à l’encontre de leurs intérêts ne peut que conforter cette rhétorique.

En France, Marine Le Pen est vent debout contre une classe politique «mondialiste» qui ne servirait aucunement les intérêts du «peuple», mais celle d’une élite politique et économique aucunement attachée à un territoire. Outre-Atlantique, le succès de Donald Trump est en partie lié à sa dénonciation des accords de libre-échange signés par Washington et dont la classe ouvrière et les personnes peu diplômées ont été les grands perdants.

Poursuivre dans la voie du libre-échangisme à tout crin – dans laquelle les classes populaires et moyennes ne semblent pas avoir grand-chose à gagner – est le meilleur moyen de conforter la montée en puissance des mouvements nationalistes, qui surfent sur la perte de repères engendrée par la mondialisation. Les citoyens ont le sentiment que leurs dirigeants n’ont finalement que peu d’influence sur le cours des choses, que les plus importantes décisions concernant leur avenir se prennent bien loin de leur capitale. Et surtout, que droite et gauche de gouvernement ne sont en désaccord finalement que sur de petits détails et veulent poursuivre dans cette voie.

Nicolas Klein (nklein@lequotidien.lu)

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