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Incident diplomatique

À force de côtoyer les grands de ce monde, le Premier ministre, Xavier Bettel, semble y prendre goût. On le sait à l’aise avec n’importe quel interlocuteur, de Merkel à Obama, de Cameron au pape. Et récemment, il a encore prouvé son audace aux côtés du Premier ministre japonais, Shinzo Abe.

Une visite qui tombait mal eu égard à l’emploi du temps surchargé de Xavier Bettel pressé d’aller présenter devant les députés les mesures de sécurité décidées dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Ce qui ne l’a pas empêché d’annoncer entre deux portes, lors d’une conférence de presse quelque peu surréaliste, la tenue d’un G9 organisé à Luxembourg avant l’été prochain. Tout laissait croire à une plaisanterie destinée à amuser la galerie et à trancher avec le style plutôt austère de son invité qui s’apprête à prendre la présidence du G7 en janvier prochain.

Comme aucun journaliste n’a eu la possibilité de poser une question au Premier ministre, pas moyen d’en savoir plus sur le sujet. Mais au moins, la presse était mise au parfum. Pas le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn. Le chef de la diplomatie a fait savoir dès le lendemain dans les colonnes du Wort qu’il n’était pas favorable à cette idée dont il n’avait jamais entendu parler. Oui, ça fait désordre.

Jean Asselborn aurait pu juger l’idée complètement saugrenue, mais en diplomate aguerri qu’il est, il a préféré rappeler que la place du Luxembourg était au sein de l’UE et que la voix du pays, qu’il soit petit ou non, pesait autant que celle des autres membres du club représenté d’ailleurs au G7 par les présidents de la Commission et du Conseil européen.

Il n’y a eu aucune concertation entre le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangère sur l’organisation, avant l’été prochain, d’un sommet du G9 regroupant les neuf États européens de moins d’un million d’habitants, membres ou pas de l’UE. En fait, il y en a 10 avec le Vatican, mais il ne figure pas sur la liste. Un oubli ? Quoi qu’il en soit, Xavier Bettel aurait déjà contacté les dirigeants des pays concernés et tout ça, encore une fois, sans en avertir son ministre des Affaires étrangères.

G9 ou pas, personne ne fera grandir le Luxembourg en l’enfermant dans un club des petits. Reste à savoir ce que Xavier Bettel fera de son idée.

Geneviève Montaigu (gmontaigu@lequotidien.lu)

Un commentaire

  1. c est ce qu on appelle une idée louche!