Les dés sont jetés, mais les résultats restent très partiels. Tous les cinq ans, les élections sociales ressurgissent comme un serpent de mer sans que le grand public sache et comprenne vraiment les tenants et aboutissants de ce scrutin.
Les enjeux sont pourtant importants. Il s’agit en effet de la seule élection au Luxembourg qui confond résidents et frontaliers. Ce sont ainsi 526 746 membres de la population active qui étaient appelés aux urnes pour désigner la nouvelle Chambre des salariés. Lors des dernières législatives, 232 886 personnes étaient appelées à élire une nouvelle Chambre des députés. La différence est de taille et même s’il ne s’agit pas de mélanger les genres (et donc les scrutins), le fait que les résidents de nationalité luxembourgeoise ne soient plus que légèrement majoritaires au Grand-Duché, ne fera que creuser l’important déficit démocratique dont souffre déjà le pays.
Dans ce contexte, le rôle des élections sociales – base du rapport de force qui prédominera dans les cinq années à venir entre gouvernement, syndicats et patronat – n’est pas à sous-estimer. La Chambre des salariés, et avec elle, les délégations du personnel, constituent en effet la seule voix dont disposent les plus de 185 000 travailleurs frontaliers. Ils contribuent fortement à la création de la richesse au Luxembourg et leurs impôts sont investis dans bon nombre de projets et mesures, dont ils ne profitent pas au même degré que les résidents.
Paradoxalement, ce sont les électeurs frontaliers qui peinent à participer à ce scrutin, important mais assez archaïque. Il faut espérer que le taux de participation va tout de même augmenter et dépasser les 35% de 2013. Il en va de même pour l’élection des délégations du personnel.
En attendant le verdict de ces élections sociales, les responsables ont tout intérêt à revoir le modus operandi du scrutin. Le vote par correspondance est obsolète. Si le Luxembourg veut devenir leader en termes de digitalisation, cette élection est un bon champ d’essai, aussi pour passer à l’ère électronique pour les scrutins nationaux.
David Marques