Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
L’arrestation de l’eurodéputée Tilly Metz, mercredi matin, sur la base militaire belge de Kleine-Brogel, a suscité pas mal de réactions. S’ils se disent d’accord sur le fond de l’action –à savoir la dénucléarisation de l’Europe– les partis d’opposition n’ont pas tardé à dénoncer l’hypocrisie dont se serait rendue coupable l’élue grand-ducale.
L’eurodéputé CSV Christophe Hansen évoque ainsi une opération de «marketing politique». Déi Lénk attire l’attention sur le double discours que tiendraient les verts luxembourgeois en matière de politique de défense.
Depuis décembre, le Luxembourg dispose, avec François Bausch, de son premier ministre écolo de la Défense. L’ancien militant pour la paix n’est pas le premier à devoir apprendre que gouverner équivaut à mettre de côté ses convictions personnelles pour développer une politique empreinte de réalisme.
Dans cet exercice, la maîtrise des tournures diplomatiques est une des qualités nécessaires pour ne pas perdre complètement la face. Interrogé la semaine dernière par RTL, François Bausch avait indiqué que la politique de défense ne relève pas d’une «politique de guerre». «Il s’agit d’un noble devoir de défendre notre démocratie, nos valeurs, nos droits humains et la liberté d’expression», soulignait le ministre de la Défense.
Cette interprétation philosophique de sa mission se heurte toutefois à la dure réalité du terrain. La mort tragique de deux soldats à Waldhof a constitué une première piqûre de rappel.
La dangereuse partie de poker menteur jouée par les puissances militaires que sont les États-Unis et la Russie constitue une autre réalité qui est dure à accepter. Plaider pour une stratégie de désescalade garde donc toute sa raison d’être. Faire irruption sur une base militaire vous permet de créer le buzz. Pour agir à plus long terme, il faudrait cependant que l’UE parvienne enfin –et indépendamment de la couleur politique des ministres de tutelle– à parler d’une seule voix à l’échelle internationale. Mais malheureusement, l’hypocrisie ne connaît pas de couleur politique.
David Marques