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Honte à l’UE

En toute discrétion, l’UE a décidé mercredi dernier de mettre entre parenthèses sa mission de lutte contre le trafic de migrants en mer, baptisée «Sophia». Depuis cette semaine, les bateaux militaires ne patrouillent plus au large de la Libye.

Si les trafiquants étaient la cible principale, ces mêmes navires européens ont surtout sauvé depuis juin 2015 quelque 730 000 migrants des eaux de la Méditerranée. Aujourd’hui, la donne a changé. Le printemps 2015, avec des milliers de morts sur quelques mois à peine, semble bien loin. Dès le début, les 28 ont peiné à trouver un accord pour répartir de manière équitable ces personnes en détresse, qui ont préféré mettre en danger leur vie que de continuer à mourir lentement sur le continent africain. La Grèce et l’Italie ont été laissées seules. Tous les efforts diplomatiques du Luxembourg, engagés pendant sa présidence européenne en 2015, n’ont servi à rien.

Près de quatre ans plus tard, l’UE doit continuer à avoir honte. La forteresse européenne s’est en effet encore renforcée avec le très douteux financement de la Turquie pour bloquer les réfugiés syriens dans l’empire de Recep Tayyip Erdogan. En Libye, les migrants doivent faire face à des conditions de rétention intolérables que ni l’ONU ni l’UE ne parviennent à combattre efficacement.

Désormais, la mission Sophia va se limiter au survol de la région et la formation des gardes-côtes libyens. La pression de l’Italie, dirigée par un gouvernement d’extrême droite, a eu raison du volet humanitaire de cette mission. Si Rome est à blâmer, cela est tout autant le cas pour la frange des autres pays européens, toujours aussi peu enclins à accueillir des réfugiés.

Hier, le commissaire européen Dimitris Avramopoulos a souligné que sauver des vies doit rester une «obligation» pour l’UE. Le souci est toutefois que le fossé entre ces bonnes intentions et la réalité du terrain ne cesse de se creuser. Et pendant ce temps, le Brexit et ses conséquences néfastes pour l’économie, ne cessent d’occuper le devant de la scène. Triste…

David Marques

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