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Honnête, humain, habile

Si les écolos ont très certainement sauvé la coalition qui se prépare à un deuxième mandat, les socialistes ont été en grande partie sauvés par le score personnel de Jean Asselborn, l’homme politique le mieux élu du pays avec ses 40 000 voix. Il représentait dans le Sud l’antithèse d’un Fred Keup et de ses amis de Wee 2050, les populistes qui espéraient une suite tout aussi victorieuse que le 80/20 du référendum de 2015.

Le doyen européen des ministres des Affaires étrangères, 69 ans, remporte même près de 10 000 voix de plus que les trois représentants réunis de cette sombre officine, candidats sur les listes de l’ADR. Ils se voyaient déjà surfer sur la vague brune qui submerge certains pays européens et échouer sur les bancs du Parlement vu l’air du temps. La dernière élection en date d’un populiste en Europe, celle de Salvini en Italie, a dû leur donner entière satisfaction.

De nombreux observateurs ont retenu leur respiration, il faut l’avouer, de peur de les voir bomber le torse au soir du 14 octobre, mais l’ADR et ses amis ont dû se contenter d’un siège supplémentaire récupéré dans le Nord, celui qui leur avait échappé par le passé.

Les électeurs avaient choisi de s’opposer au droit de vote des étrangers en 2015, pas aux étrangers, tel était le message qui est sorti des urnes lors des élections législatives. La vague populiste s’est déchirée sur un solide récif à qui l’on doit une fière chandelle. Jean Asselborn qui incarne brillamment et bruyamment le principe d’humanité sur la scène européenne, celui qui a dit merde à Salvini, a raflé la mise dans sa circonscription, une preuve indiscutable d’adhésion à son discours, aux antipodes des violentes diatribes contre l’accueil des réfugiés.

Devant les députés, en mars dernier, pour sa déclaration de politique étrangère, Jean Asselborn rappelait que la diplomatie avait plus que jamais besoin d’honnêteté et d’une bonne dose de franc-parler. En 2004, alors qu’il était nommé pour la première fois chef de la diplomatie, il devait subir les railleries de certains de ses adversaires qui le voyaient conduire la diplomatie comme on dirige un syndicat. C’est un peu ce qu’il a fait, en défendant des valeurs auxquelles il s’accroche dur comme fer depuis son entrée en politique.

Il est resté ce qu’il a toujours été : honnête et humain. Et pour le reste, il a appris à être habile.

Geneviève Montaigu