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Couple âgé braqué à Bereldange : l’un des prévenus déballe tout


À la différence des autres prévenus, Marouan n'a pas eu de mal à détailler le rôle de chacun d'entre eux lors du braquage. (illustration Fabienne Armborst)

Depuis la semaine dernière, quatre hommes et une femme, âgés de 31 à 42 ans et originaires de Forbach, sont jugés pour avoir brutalement agressé un couple de personnes âgées dans son appartement le 23 décembre 2008. Au 5e jour du procès jeudi, le quatrième prévenu a déballé son rôle et celui de ses acolytes.

« Aujourd’hui, je viens vous raconter la vérité. » Voilà les premiers mots de Marouan H. (36 ans), jeudi après-midi, à la barre de la 9e chambre criminelle. Jusqu’à présent, c’était un peu le fantôme dans cette affaire de braquage. «J’ai voulu nier l’évidence, parce que je ne voulais pas me manger une nouvelle peine.» Le trentenaire n’en est pas à son premier séjour en prison. Actuellement, il purge une peine pour un autre braquage sur un homme de 60 ans.

Selon ses dires, le témoignage de la victime âgée de 85 ans explique son changement d’attitude : «La femme m’a touchée la semaine dernière. Je n’ose même pas la regarder dans les yeux…» Pendant une bonne heure, le trentenaire a donc déballé sa version des faits. Un véritable moulin à paroles par rapport aux trois premiers prévenus entendus.

Morceaux de scotch gris prédécoupés pour ligoter le couple, message pré-écrit dans le portable pour donner le feu vert, la télé allumée à fond pour éviter que les voisins entendent le couple crier… Marouan H. racontera leur expédition depuis Forbach jusque dans les moindres détails.

Le tout aurait commencé alors qu’il sortait de prison. À l’époque, Sendy F. lui aurait présenté un plan : «On va chercher des papiers dans un coffre. Je te donne 15 000 euros.» «Sendy m’a présenté le couple comme de gros bourgeois au Luxembourg», raconte Marouan H. Une première fois, ils seraient allés repérer l’immeuble à Bereldange début décembre 2008. Il s’agissait de trouver une solution pour entrer dans l’appartement du couple. Visiblement, Sendy F. avait déjà tenté sa chance plus tôt : «Même avec un bouquet de fleurs, la femme ne lui avait pas ouvert la porte.»

«Sendy avec sa tête et moi avec ma tête, on ne passait pas non plus.» C’est ainsi qu’ils auraient appelé Kevin H. en renfort. C’est lui qui s’introduira finalement le 23 décembre 2008 dans l’appartement en compagnie d’Amandine U. Tandis qu’ils jouaient aux potentiels acheteurs, lui et Sendy F. attendaient en bas dans la voiture. «Il fallait qu’ils nous donnent le go depuis l’appartement.»

«Comme j’étais fiché, je portais des gants»

À la différence des autres prévenus, Marouan H. n’a pas eu de mal à détailler le rôle de chacun d’entre eux lors du braquage. «Tous les trois, on a menacé le couple.» «Si tu donnes pas le code, je te sors l’œil», aurait ainsi dit Sendy F. à la septuagénaire devant le coffre-fort. Seule Amandine U. n’aurait rien fait : «Elle n’a pas bougé du couloir. Elle pensait aller à une fête privée, elle s’est retrouvée dans un guet-apens.»

Marouan H. confirmera aussi qu’il portait toujours des gants : «Je savais que j’étais fiché, les autorités avaient mon ADN. Voilà pourquoi j’avais une paire de gants.»

«Et votre argent, vous l’avez eu ?», a fini par s’intéresser la présidente. Pour rappel, 3 500 euros et 50 000 euros de bijoux avaient été dérobés.

– «Non. Jusqu’à aujourd’hui, je l’attends… Sendy nous a carottés.» Il ne cache toutefois pas avoir ramassé 300 euros et quelques bricoles en or dans l’appartement. Mais le tout, il l’aurait vendu «à un gitan du trou». «C’est une ville près de chez nous…», précisera-t-il. Sur le banc des prévenus, Sendy F., qui affichait jusque-là un visage impassible, n’a pas pu s’abstenir de sourire.

Le cinquième prévenu, le prétendu commanditaire du braquage, ne s’étant pas présenté au procès, la parole est désormais à la défense. Me Philippe Stroesser a entamé le marathon des plaidoiries. L’avocat de Sendy F., le prévenu identifié en juillet 2014 grâce à son ADN, plaide l’atténuation de responsabilité. Son client aurait agi sous l’emprise du commanditaire. Il invoque aussi le dépassement du délai raisonnable.

Suite du procès le 22 novembre.

Fabienne Armborst

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