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Google et histoire d’eau

Où donc est passée la «croissance qualitative» qui a tenu une place si centrale dans la campagne pour les législatives de 2018 ? Sûrement pas à Bissen, où l’implantation encore incertaine d’un gigantesque centre de données de Google bat en brèche les louables intentions des responsables politiques nationaux et locaux sur la protection de l’environnement et le développement durable, précisément un pilier de ladite «croissance qualitative».

Le Mouvement écologique (Meco) se fait fort ces derniers mois de rappeler que rien dans cette affaire n’est limpide, le gouvernement étant bien en peine de dire concrètement quels avantages le pays va en tirer. Mais affirme déjà que le reclassement des 34 hectares de terrains prévus pour sa construction va mener à la disparition de terres agricoles de «grande valeur» et altérer un biotope protégé au niveau européen.

Ensuite, le flou absolu entretenu par Google sur le fonctionnement de son centre de données n’est pas de nature à rassurer. Où ira-t-on chercher l’électricité dont cette industrie du XXIe siècle est si gourmande? À Cattenom, dont on demande par ailleurs la fermeture?

Le Meco soulève aussi le problème de l’eau, indispensable au refroidissement des serveurs informatiques, qui dégagent de grandes quantités de chaleur. Et l’ONG d’avertir que le champion des moteurs de recherche pourrait absorber jusqu’à 10% de l’eau potable disponible au Grand-Duché.

Mais l’eau est aujourd’hui un souci mineur pour le gouvernement luxembourgeois, si l’on en croit une enquête publiée en mai par le Guardian. Se basant sur des rapports d’ONG et des documents de la Commission européenne, le journal britannique assure que le Luxembourg figure parmi cinq pays qui relaient le lobbying de l’industrie en faveur d’un affaiblissement de la directive cadre de l’eau de l’UE. Adopté en 2000, ce texte vise à prévenir et réduire la pollution de l’eau. Comme tout semble l’indiquer dans le cas de Google, la sollicitude du gouvernement est d’abord dictée par les intérêts du business. Quant à la «croissance qualitative», il sera bien temps d’en faire à nouveau ses choux gras en 2023, lors des prochaines législatives.

Fabien Grasser

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