Accueil | Editoriaux | Gare à la sortie de route

Gare à la sortie de route

La vérité d’un jour n’est pas toujours celle du lendemain. Mardi, le gouvernement a effectué en effet une nouvelle volte-face retentissante. Alors que fin novembre 2015 les trois partis de la coalition avait annoncé à l’unisson qu’ils n’allaient pas légiférer sur une interdiction du voile intégral en public, le DP, le LSAP et déi gréng ont décidé de faire marche arrière.

Les ténors des partis se réfèrent désormais à un avis du Conseil d’État pour justifier leur décision. L’interdiction du voile intégral par le biais des règlements communaux de police comporterait une trop grande insécurité juridique, ont tranché les Sages. Pour clarifier donc les choses, il a été décidé que le ministre de la Justice, Félix Braz, soumette dans les meilleurs délais un projet de loi.

Cette volte-face génère cependant pas mal de questions et est accompagnée aussi de contradictions. Tout d’abord, il ne faut pas perdre des yeux que le gouvernement va statuer sur le plan national pour une minorité de personnes concernées. Les derniers chiffres officiels du gouvernement indiquent en effet que seule une petite vingtaine de femmes portent le voile intégral au Grand-Duché.

Si ces derniers jours on a entendu à tour de rôle le Premier ministre libéral, Xavier Bettel, le ministre des Affaires étrangères socialiste, Jean Asselborn, et le ministre du Développement durable vert, François Bausch, dénoncer la stigmatisation que constitue le décret antimusulmans du président américain, Donald Trump, on ne peut s’empêcher de penser que la décision du gouvernement de légiférer sur le port du voile intégral pourrait avoir le même effet.

En ce début du marathon électoral, le camp du gouvernement semble céder de plus en plus à la pression populaire. Une rude bataille pour chaque voix s’annonce. Pour éviter la sortie de route dans le virage à droite qu’a déjà pris l’ADR, suivi par le CSV, la coalition a tout intérêt à trouver la meilleure motivation du futur texte de loi. Sans quoi, le piège de tomber dans les travers populistes sera inévitable.

David Marques

Un commentaire

  1. Pas d’accord du tout David !
    Je trouve sensé, même s’il s’agit d’une volte-face, que le gouvernement prenne – enfin – ses responsabilités sur ce sujet plutôt que de laisser ça à l’appréciation des autorités locales (du cas par cas). C’est justement légiférer (intelligemment) sur ces questions qui peut endiguer de possibles réactions/mouvements populistes (vous voulez dire de droite je présume).

    Je trouve par ailleurs hautement exagéré que Le Quotidien consacre non seulement sa Une mais aussi son édito à un non-évènement qui – comme vous le soulignez – ne concerne, dans l’état actuel des choses, qu’une vingtaine de personnes au Luxembourg.

    Mais bon j’imagine que c’est vendeur…

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.