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Fuite en avant

Après la déclaration sur l’état de la Nation mardi, il est revenu mercredi au ministre des Finances, Pierre Gramegna, de chiffrer les perspectives dressées par le Premier ministre.
Comme d’habitude, il n’est pas simple de s’y retrouver dans la jungle de chiffres que constitue le budget de l’État. Commençons donc avec du brut. Cette année de crise devrait se clôturer sur un déficit cumulé de 4,4 milliards d’euros. Un léger mieux est annoncé pour 2021 avec un déficit de 1,7 milliard d’euros.
La dette publique va augmenter d’ici fin 2021 à 18,9 milliards d’euros, ou
29,4 % du PIB. Pierre Gramegna s’est dit mardi conscient du fait que la dette publique «va osciller ces prochaines années autour des 30 % du PIB». Il s’agit de la barre fixée par le gouvernement pour éviter au pays de s’endetter outre mesure. «Malgré tout, il s’agit d’une meilleure perspective que celle d’établir un paquet d’austérité empreint d’idéologie ou de renoncer aux investissements», martèle le ministre.
Décortiquons cette déclaration. Personne ne remet aujourd’hui en question le besoin de maintenir les investissements à un niveau élevé. Cette politique contracyclique a déjà fait ses preuves lors de la crise financière de 2008 et 2009. Or, à l’époque, «un paquet d’austérité empreint d’idéologie» avait été imposé aux simples contribuables, forcés de payer les dégâts causés par la grande finance. La hausse des inégalités sociales est un des résultats négatifs de la politique d’austérité, encore prônée en 2014 par la coalition au pouvoir.
Lors des mois à venir, le gouvernement devra prouver que les bons enseignements ont été tirés. L’équilibre à trouver est fragile, mais le capital ne doit plus être dispensé de l’effort solidaire qui sera à produire pour remettre à flot les finances publiques. Un premier pas timide pour fermer des échappatoires fiscales a été fait mardi. Il faudra toutefois aller plus loin. Une véritable taxe sur la spéculation ou une taxe sur la fortune ne peuvent plus être des tabous.

David Marques

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