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Froideur administrative

Des protestations, de longues discussions, l’appui de politiques influents de l’autre côté de la Moselle, des explications chiffres à l’appui et enfin la délivrance : le retrait du Grand-Duché par l’Allemagne de sa liste des zones à risque liées au coronavirus. Que ce fut long et fastidieux pour convaincre et rassurer. Mais à Berlin, il y a peu de place à l’empathie en ces temps de crise sanitaire. Les chiffres, rien que les chiffres. S’ils sont bons, pas de problème ! S’ils sont mauvais, par contre, vous devenez du jour au lendemain suspect et donc soumis à toute une batterie de contraintes.

Cette froideur administrative de nos voisins allemands, le Grand-Duché n’est pas le seul à la subir évidemment. On se souvient aisément des décisions de fermeture de frontières pour protéger le pays d’un éventuel tsunami de contaminations. La Grande Région en a pâti et les décennies de rapprochement entre les pays de cet espace européen en ont pris un sacré coup. En Allemagne, pas de sentiment quand il faut se protéger ! Les habitants qui ont critiqué le dispositif sécuritaire disproportionné de part et d’autre des barrières ont été purement et simplement ignorés. À la fin du printemps, il y a eu de grandes cérémonies de réouverture des frontières comme pour conjurer cette triste période. Pas sûr que cela suffise à estomper ce goût d’amertume dans la bouche de certains habitants qui ont désormais une image peu flatteuse de leurs voisins allemands.

Alors, oui, aujourd’hui tout va bien, le Grand-Duché n’est plus sur la liste des zones à risque de l’Allemagne. Mais pour combien de temps ? Les courbes de contaminations semblent faire du yoyo et, avec le retour des vacances, pas certain que le pays reste dans les limites sanitaires décidées à Berlin. En Allemagne, c’est la même inquiétude : les nouvelles contaminations ont atteint des chiffres record hier. Reste à savoir si le pays s’ «autoclassera» en zone à risque dans quelques semaines en cas d’aggravation… Pas sûr.

Laurent Duraisin