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Frieden place ses pions

Le gouvernement CSV-DP, qui vient de passer le cap des 100 jours, a été – avant même sa prise de pouvoir – lourdement critiqué. Nora Back, la présidente de l’OGBL, s’était ainsi élevée, dans nos colonnescontre une politique libérale qui «envoie aux oubliettes la question d’une répartition plus équitable de la richesse ou d’une imposition plus équitable entre travail et capital».

Les «cadeaux fiscaux pour les mieux lotis», qualifiés de «catastrophiques» pour la cohésion sociale, sont aujourd’hui une réalité, avec notamment un paquet de relance du logement où les investisseurs sont nettement mieux servis que les locataires.

Dans notre dernière «Interview du lundi», le président du LCGB, Patrick Dury, alerté par la réforme envisagée du système de pension, juge «inadmissible» l’intention de «remplacer la politique sociale, mise en place depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, par des éléments purement caritatifs».

Des prises de position semblables sont portées par les partis de gauche, qui siègent dans l’opposition à la Chambre. Hier, déi Lénk est montée au créneau pour fustiger le «régime autoritaire et néolibéral» que le «nouveau Luc» serait en train de bâtir, sans que le «vieux» Xavier, l’ancien Premier ministre libéral devenu chef de la diplomatie, ne bronche. Rien d’étonnant en soi.

Ces jugements sévères sont-ils vraiment justifiés? Il faudra encore laisser davantage de temps au gouvernement. Mais il existe des signes avant-coureurs. Les nominations à plusieurs postes clés confirment l’orientation «pro-business» de l’exécutif emmené par l’ancien directeur de la Chambre de commerce.

Bien qu’il soit diplomate de carrière, le choix de Nicolas Mackel, l’actuel directeur de Luxembourg for Finance, comme ambassadeur auprès de l’UE n’est pas anodin. Il en va de même pour la désignation de Jean-Paul Olinger, le directeur sortant de l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL), à la tête de l’administration fiscale.

Le Premier ministre est en train de placer ses pions. Si, en plus, il prend, à la mi-mars, la coprésidence du CSV, Luc Frieden se rapprochera bien du statut de CEO – il aime se voir dans ce rôle – d’un gouvernement et d’un parti appelés à manœuvrer le Luxembourg à travers des eaux troubles.